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Au Havre, cet été : l'art, les galets et l'épi n°8

Publié : Il y a 1 mois
Stéphane Vigny, Épi
Stéphane Vigny, Épi ©Philippe Bréard
Ils rythment l’estran comme autant de descentes à la mer, dispositifs familiers des paysages côtiers : les épis ont surtout une utilité, ils piègent les galets, trésor du littoral et jouent un rôle essentiel dans la lutte contre l’érosion marine. Entre le Havre et Sainte-Adresse, il en existe ainsi une cinquantaine, tous numérotés, avec une petite particularité pour l’épi numéro 8 : avec "Un été au Havre", festival d'art contemporain, il est aussi depuis peu une oeuvre d’art !
 
Que seraient les plages de la Seine-Maritime sans leurs galets ? Ces rognures de silex arrachées aux falaises et jetées dans la grande lessiveuse de la mer. Les courants les déportent naturellement du nord vers le sud - s’agissant du Havre, du cap d’Antifer en direction du port - au gré d’un ressac qui reprend sans cesse ce qu’il donne. Depuis le Moyen Âge, l’homme a construit des ouvrages pour les retenir, car les galets n’ont pas comme unique vocation de martyriser les pieds des baigneurs, ils ont une fonction : former tout simplement le cordon des plages et plus largement, stabiliser le trait de côte en édifiant une barrière protectrice contre les assauts de la mer. Installés perpendiculairement à la plage à intervalles réguliers, ces « épis », d’abord en bois puis en béton, font ainsi depuis longtemps partie du paysage de la côte d’Albâtre sans que les promeneurs en connaissent toujours bien l’utilité.

Dernier épi en bois de la côte

Du Havre jusqu’au Tréport, près de 150 épis et 13 km de digues (soit 10 % de la bande côtière endigué) composent ainsi un vaste dispositif de défense pour protéger quelque 30 accès à la mer. Spécificité en Seine-Maritime, la propriété de ces ouvrages a été acquise historiquement par le Département qui en a confié depuis quatre ans la gestion au Syndicat Mixte du Littoral de la Seine-Maritime (SML76), structure créée fin 2019 avec les intercommunalités et syndicats de bassins versants concernés pour assurer une plus grande cohérence dans l’aménagement du littoral. « Notre travail consiste surtout à entretenir ces ouvrages mais il arrive parfois qu’il soit nécessaire de les reconstruire », explique François Dehais, son directeur . C’est le cas de l’épi n°8 du Havre, dernier épi en bois de la côte, qui a dû être démonté en février 2024 et sera reconstruit selon les techniques modernes à partir d’octobre prochain.

Sensibiliser à la fragilité du trait de côte

Pour autant, les bois anciens n’ont pas été envoyés à la benne, mais acheminés vers l’atelier d’un artiste, Stéphane Vigny. Sur la base d’un partenariat conclu avec le SML76, ce dernier a été chargé de leur donner une nouvelle vie dans le cadre de la programmation de « Un été au Havre », festival d'art contemporain en plein air. Adepte du détournement d’objets, l’artiste a donc relevé le défi en remettant au goût du jour la vieille technique du « rusticage » imitant avec du ciment la texture du bois, utilisée par les paysagistes jusqu’au début du XXe siècle. Sur environ 30 mètres, « Épi », installé cette fois sur la longueur de la plage, est ainsi une copie conforme de l’ancien épi n°8 dont il vise à conserver la mémoire. Et s’il ne retient plus les galets, il capte désormais l’attention des curieux, avec son petit panneau explicatif. Version contemporaine du mythe de Sisyphe, « cette œuvre est l’occasion de faire comprendre le rôle des épis dans le combat permanent contre la mer et constitue pour nous un point de départ pour sensibiliser le public à la fragilité du trait de côte », souligne François Dehais. Depuis deux ans en effet, le SML76 a lancé une réflexion avec quelque 200 acteurs impliqués pour définir une stratégie littoral 76 qui anticipe la montée du niveau de la mer et les effets du changement climatique, dont la sensibilisation des habitants constitue un axe fort. Dès cet été, le syndicat anime d’ailleurs des balades du littoral autour de l’œuvre de Stéphane Vigny, « Épi », dont la prochaine est prévue le 21 septembre, à l’occasion des journées européennes du patrimoine. Deux heures pour tout comprendre sur la mer, les galets et les ouvrages de défense du trait de côte.
 
« Épi » de Stéphane Vigny, promenade des Régates au Havre. Balade sur le littoral autour de l’œuvre, proposée par le Syndicat Mixte du Littoral 76, le 21 septembre à 10 h 30, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. Durée prévue : 2 heures. Pour s’inscrire : sur place à la Maison de l’Été, au 06 73 47 72 53 ou inscriptions.ueah@gmail.com
Les œuvres de la collection permanente d’Un été au Havre peuvent également être découvertes sur mobile grâce à l’application Legendr (sur Google Play et App Store)  ou via le QR code :