Le Département participe à la préservation du patrimoine naturel à travers ses 29 Espaces Naturels Sensibles (ENS) répartis sur le territoire, dont 22 sont aujourd’hui ouverts au public. Ces milieux remarquables sont aussi de formidables terrains d’aventure pour partir à la découverte des curiosités de la nature. C’est notre deuxième série de l’été, chaque mardi : Toute une aventure près de chez soi. Aujourd’hui, deuxième épisode :  l’Espace Naturel Sensible des Roches d’Orival et son incroyable mante religieuse.  
 
On s’attendrait plutôt à la croiser dans la garrigue, au milieu des bruyères ensoleillées. Et de fait, la mante religieuse est une espèce originaire du bassin méditerranéen. Elle a pourtant élu domicile sur les coteaux calcaires bien exposés de la vallée de la Seine où sévit un microclimat sec et chaud. Nous sommes allés la rencontrer du côté des Roches d’Orival, un site classé Natura 2000 mais aussi Espace Naturel Sensible du Département depuis 2010, étendu sur 105 hectares entre les communes de Oissel, d’Orival, et de Grand-Couronne.
Le lieu est réputé pour son enfilade très spectaculaire de roches blanches, monument de craie assiégé par la végétation. Fréquenté dès le néolithique – comme en témoignent les peintures retrouvées dans la grotte du Renard - recherché pour sa position stratégique sur la route de Paris et dominant la vallée de la Seine, il concentre aujourd’hui de nombreux vestiges : d’un fanum gallo-romain aux ruines du château Fouet édifié en 1195 par Richard Cœur de Lion en passant par des restes de fours à briques du XIXe siècle. Depuis le grand carrefour du Nouveau Monde, un chemin forestier conduit aussi au hameau des Roches, où subsistent les traces d’un ancien habitat semi-troglodyte. Des familles l’occupèrent dès le XVIIe siècle et jusqu’au début du XXe siècle, travaillant le coteau pour faire pousser les fruits et la vigne, et faire paître les moutons.


crédit : Marceau Bellanger

Une biodiversité méridionale

Façonné ainsi par l’histoire, l’ENS des Roches d’Orival est aussi remarquable par la richesse et la diversité de ses écosystèmes : des milieux forestiers, tapissant le coteau, plantés de chênes et de hêtres, aux pelouses sèches où prospère dans un environnement ouvert toute une biodiversité méridionale. L’endroit abrite en particulier de nombreuses variétés d’orchidées et trois espèces d’insectes d’intérêt européen, dont deux papillons, l’Écaille chinée et le Damier de la Succise et un coléoptère, la Lucane cerf-volant qui vit dans les bois morts. Sur les pentes échauffées par le soleil, on trouvera également la cigale des montagnes, le lézard vert ou encore cette étonnante mante religieuse.

Redoutable mante religieuse

Avec sa tête triangulaire d’extraterrestre et ses longues ailes vertes – l’insecte peut mesurer jusqu’à 8 cm - le promeneur n’aura pas de mal à l’identifier. La mante religieuse doit surtout son nom à la position repliée de ses pattes antérieures qui lui donnent des airs de paroissienne en prière. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! C’est pour mieux passer à l’attaque, car la bestiole est en réalité une redoutable tueuse, au point qu’elle n’hésitera pas à dévorer vivant son partenaire à la saison des amours. Et ses pattes crochues ne sont pas sa seule arme : elle possède aussi grâce à ses yeux protubérants et sa tête pivotante à 180°, une vision hors pair en 3D, sans parler de sa tenue de camouflage vert printemps pour disparaître dans les hautes herbes.  
L’été est la meilleure période pour observer la mante religieuse, entre juillet et septembre, pendant les accouplements. C’est donc le bon moment pour aller s’aventurer sur les chemins d’Orival. Plusieurs circuits en boucle traversent l’ENS ainsi que le GR2 qui court le long de la Seine, jalonné de promontoires, d’où s’offre un paysage à couper le souffle. Mais derrière les grands espaces, un autre monde est à découvrir, tapi dans les hautes herbes, où des petites bêtes fascinantes méritent elles aussi un peu d'attention…
 
Pour visiter les Espaces Naturels Sensibles (ENS) du Département, rendez-vous sur le programme des sorties nature.

À suivre mardi prochain... Jumièges