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La fougère préhistorique d'Heurteauville
Publié : Il y a 5 mois
Le Département participe à la préservation du patrimoine naturel à travers ses 29 Espaces Naturels Sensibles (ENS) répartis sur le territoire, dont 22 sont aujourd’hui ouverts au public. Ces milieux remarquables sont aussi de formidables terrains d’aventure pour partir à la découverte des curiosités de la nature. C’est la deuxième série de l’été, chaque mardi : toute une aventure près de chez soi. Aujourd’hui, premier épisode : l’Espace Naturel Sensible d’Heurteauville et sa fougère préhistorique.
Son nom a quelque chose de majestueux : l‘Osmonde royale est une fougère au feuillage élancé qui peut mesurer jusqu’à 2 mètres de hauteur. Signe distinctif : elle fleurit, ou plus exactement, elle produit l’été des sporanges (organes contenant les spores), sortes de longs plumets aux tons rouille. Cette curieuse fougère est à découvrir sous une canopée d’aulnes glutineux au fin fond de la tourbière d’Heurteauville, dernière zone humide des bords de Seine et Espace Naturel Sensible (ENS) géré par le Département depuis 2007. La plante aurait pris racine à cet endroit il n’y a pas moins de 6 000 ans, à l’époque où se forme la tourbière, ce qui lui vaut aujourd’hui cette qualification de « fougère préhistorique ». Pour comprendre comment il est possible de remonter ainsi le temps, revenons au fonctionnement d’une tourbière…
Puis le fond du marais devenu étanche ne permet plus à l’eau calcaire de passer, tandis qu’en surface, l’eau de pluie prend le relais. L’environnement change et une autre végétation s’installe : ce sont les mousses, et plus précisément les sphaignes, mousses aux couleurs chatoyantes qui ont pour conséquence d’acidifier le milieu. La tourbière alcaline devient une tourbière acide : c’est la deuxième étape.
Troisième étape enfin : la matière organique continuant à s’accumuler finit par absorber toute l’humidité et la tourbière se referme. C’est la fin du cycle, la tourbière est asséchée. À moins qu’un autre paramètre n’intervienne : l’homme, qui pour satisfaire ses besoins décide d’exploiter la tourbe. Ce fut le cas en l’occurrence à la tourbière d’Heurteauvile, où une activité d’extraction, d’abord artisanale, puis industrielle, s’implanta entre 1758 et 2003. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la tourbe fut couramment utilisée en effet – sous forme de briquettes- comme combustible pour le chauffage, puis, avec le développement du charbon, plus performant, elle servit à d’autres usages comme l’amendement des sols (la fameuse terre de bruyère).
A Heurteauville, en lieu et place de l’ancienne exploitation, un étang de 50 hectares témoigne de cette activité passée, devenu le point central d’un écosystème remarquable où, sur plus de 170 hectares, se côtoient tourbières acide et alcaline.crédit : Julien Paquin
Mais elles recèlent surtout de véritables trésors de biodiversité. Ces sols pauvres en nutriments et fortement contraints donnent paradoxalement naissance à toute une flore spécifique, qui a su s’adapter. C’est ainsi qu’on trouvera à Heurteauville, parmi les 1 500 espèces recensées, quelques curiosités comme la drosera mangeuse d’insectes, la linaigrette typique des milieux humides avec ses pompons blancs et son puissant système racinaire ou encore, l’Osmonde royale.
Pour visiter les Espaces Naturels Sensibles (ENS) du Département, rendez-vous sur le programme des sorties nature
Attention, si le public peut accéder librement à la tourbière alcaline d’Heurteauville, la visite de la tourbière acide où se trouve l’Osmonde royale se fait obligatoirement avec un guide et sur réservation.
À suivre mardi prochain... Les Roches d'Orival
Son nom a quelque chose de majestueux : l‘Osmonde royale est une fougère au feuillage élancé qui peut mesurer jusqu’à 2 mètres de hauteur. Signe distinctif : elle fleurit, ou plus exactement, elle produit l’été des sporanges (organes contenant les spores), sortes de longs plumets aux tons rouille. Cette curieuse fougère est à découvrir sous une canopée d’aulnes glutineux au fin fond de la tourbière d’Heurteauville, dernière zone humide des bords de Seine et Espace Naturel Sensible (ENS) géré par le Département depuis 2007. La plante aurait pris racine à cet endroit il n’y a pas moins de 6 000 ans, à l’époque où se forme la tourbière, ce qui lui vaut aujourd’hui cette qualification de « fougère préhistorique ». Pour comprendre comment il est possible de remonter ainsi le temps, revenons au fonctionnement d’une tourbière…
La formation d’une tourbière
Première étape : tout commence par une dépression, un creux en quelque sorte, où se concentre l’eau. Percolant depuis les nappes phréatiques, cette eau est chargée en calcaire et crée un milieu alcalin. Une végétation s’y développe, meurt et tombe au fond du marais sans se décomposer puisque privée d’oxygène. C’est ainsi que se constitue avec lenteur – pas plus d’un millimètre d’épaisseur par an - ce grand dépôt d’archives végétales où se trouve enfoui aujourd’hui le secret de la naissance de l’Osmonde royale.Puis le fond du marais devenu étanche ne permet plus à l’eau calcaire de passer, tandis qu’en surface, l’eau de pluie prend le relais. L’environnement change et une autre végétation s’installe : ce sont les mousses, et plus précisément les sphaignes, mousses aux couleurs chatoyantes qui ont pour conséquence d’acidifier le milieu. La tourbière alcaline devient une tourbière acide : c’est la deuxième étape.
Troisième étape enfin : la matière organique continuant à s’accumuler finit par absorber toute l’humidité et la tourbière se referme. C’est la fin du cycle, la tourbière est asséchée. À moins qu’un autre paramètre n’intervienne : l’homme, qui pour satisfaire ses besoins décide d’exploiter la tourbe. Ce fut le cas en l’occurrence à la tourbière d’Heurteauvile, où une activité d’extraction, d’abord artisanale, puis industrielle, s’implanta entre 1758 et 2003. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la tourbe fut couramment utilisée en effet – sous forme de briquettes- comme combustible pour le chauffage, puis, avec le développement du charbon, plus performant, elle servit à d’autres usages comme l’amendement des sols (la fameuse terre de bruyère).
A Heurteauville, en lieu et place de l’ancienne exploitation, un étang de 50 hectares témoigne de cette activité passée, devenu le point central d’un écosystème remarquable où, sur plus de 170 hectares, se côtoient tourbières acide et alcaline.crédit : Julien Paquin
Les zones humides : un milieu à préserver
Souvent asséchées pour l’agriculture, les zones humides sont aujourd’hui partout en recul, mettant en relief la valeur écologique exceptionnelle de ce site d’Heurteauville. Ces zones humides présentent pourtant plusieurs intérêts majeurs. En emprisonnant la végétation, stoppant ainsi le processus de décomposition, elles constituent d’abord de puissants puits de carbone : 300 000 tonnes de carbone se trouveraient ainsi enfermés dans les sols d’Heurteauville, soit l’équivalent des émissions moyennes annuelles de 150 000 voitures.Mais elles recèlent surtout de véritables trésors de biodiversité. Ces sols pauvres en nutriments et fortement contraints donnent paradoxalement naissance à toute une flore spécifique, qui a su s’adapter. C’est ainsi qu’on trouvera à Heurteauville, parmi les 1 500 espèces recensées, quelques curiosités comme la drosera mangeuse d’insectes, la linaigrette typique des milieux humides avec ses pompons blancs et son puissant système racinaire ou encore, l’Osmonde royale.
Pour visiter les Espaces Naturels Sensibles (ENS) du Département, rendez-vous sur le programme des sorties nature
Attention, si le public peut accéder librement à la tourbière alcaline d’Heurteauville, la visite de la tourbière acide où se trouve l’Osmonde royale se fait obligatoirement avec un guide et sur réservation.
À suivre mardi prochain... Les Roches d'Orival