Alors qu’un Français sur trois peine à accéder à une alimentation équilibrée, la 40e campagne des Restos du coeur met en lumière l’ampleur des besoins. En Seine-Maritime, la mobilisation reste intacte pour accompagner les plus vulnérables.
 
À l’approche de l’hiver, tous les indicateurs démontrent une aggravation de la pauvreté en France. Selon l’Insee, 15 % des habitants de la Seine-Maritime vivent sous le seuil de pauvreté. De nombreuses associations alertent sur la situation et se mobilisent face à l'urgence. Parmi elles, le Secours populaire français, qui souligne une réalité préoccupante : selon le baromètre Ipsos / SPF 2024, 30 % des Français rencontrent des difficultés pour manger trois repas par jour. C’est le cas également des Restaurants du cœur qui ont lancé, le 19 novembre dernier, leur 40e campagne. Le nombre de bénéficiaires de l’association, créée en 1985 par l’humoriste et comédien Coluche, ne cesse d’augmenter : + 22 % cette année !
 
En Seine-Maritime, les antennes de l’association sont saturées. L’année précédente, l’association avait distribué sur tout le territoire plus de 4 millions de repas, à plus de 31 000 bénéficiaires. « On voit beaucoup d'étudiants, des mères isolées, des retraités, et on voit de plus en plus de salariés pauvres, a témoigné Jean-Marie Marchand, président délégué de l’antenne rouennaise. C'est une situation qu'on ne connaissait pas, des gens qui ont un travail, mais qui ne peuvent pas en vivre. »  Alors que l’Unicef vient d’alerter sur le fait qu’un enfant sur cinq ne mange pas trois repas par jour, cette campagne met l’accent sur les  familles monoparentales et les jeunes enfants. Sur les 1,3 million de personnes accueillies l’année passée en France, 128 000 étaient des enfants de moins de trois ans.
 
Les bénéficiaires de cette nouvelle campagne peuvent compter sur l’engagement de plus de 1 700 bénévoles dans le département. Ils sont mobilisés dans les 35 centres urbains et ruraux que comptent les antennes de Rouen / Dieppe / Yvetot et du Havre / littoral. Les denrées alimentaires distribuées sont achetées par l’association auprès de fournisseurs ou proviennent de dons d’entreprises, de producteurs, de particuliers, ainsi que de fonds européens. Pour Catherine, bénévole au service de l’accueil-distribution des Restos du cœur de Rouen depuis quatre ans, sa mission ne se résume pas qu’à servir les plus démunis, mais c’est aussi leur « remonter le moral ». « C’est important le contact avec les personnes. Quand les bénéficiaires ressortent avec le sourire, c’est ma récompense », confie-t-elle. Après 40 ans, insiste Jean-Marie Marchand, les Restos du cœur « ce n’est pas seulement l’aide alimentaire comme trop souvent on le croit, mais c’est aussi de nombreuses activités et missions qui ont évolué avec le temps et s’adaptent aux besoins des personnes, comme l’aide au logement, l’accès à la santé, les restos bébé, l’aide aux gens de la rue, des vestiaires, des ateliers d’apprentissage du français, etc. ».
 
Les antennes des Restos du cœur peuvent s’appuyer sur le soutien du Conseil départemental. En 2024, outre l’octroi de subventions de fonctionnement, la collectivité a participé par exemple à hauteur de 10 000 euros à l’aménagement d’un nouvel entrepôt de 2 900 m2 au Havre, suite à l’effondrement de celui du boulevard Jules-Durand, causé par la tempête Ciaran en novembre 2023. Il a été inauguré en septembre dernier. Pour faire face aux besoins également, un nouveau centre de distribution verra le jour au printemps 2025 au Petit-Quevilly, à destination des étudiants.