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Label patrimoine rural d'intérêt départemental
Riche d'un patrimoine historique et culturel varié, le Département valorise son patrimoine rural comme élément majeur de l'identité locale en développant un label “patrimoine rural d’intérêt départemental”.
Valorisation du patrimoine
Le patrimoine rural recouvre des réalités diverses : des édifices ou ensembles bâtis témoignant d’usage traditionnel (lavoirs, puits, halles, source miraculeuse, …), artisanal et industriel (chemin de halage, moulin, phare, …) ou agricole (colombier, four à pain, ...), aux monuments commémoratifs, ou liés à un évènement ou à un personnage historique (bunker, maisons d’écrivains, …).
Ce label est une alternative permettant de distinguer un patrimoine ayant un intérêt pour le Département d’un point de vue architectural, historique, artistique, scientifique ou traditionnel et de lui donner une visibilité accrue.
Le label apparaît alors comme un outil de mise en réseau et de valorisation d’un patrimoine méconnu, néanmoins complémentaire aux éléments majeurs du patrimoine sur lesquels se concentrent les enjeux touristiques et formant l’identité de notre territoire.
Initiatives locales
La remise du label permet d’encourager les initiatives locales tout en intensifiant le lien entre l’habitant et son patrimoine : ce dernier devient facteur de cohésion territoriale et support de développement.
En s’intéressant à des édifices, des ensembles bâtis ou des constructions témoignant d’usage traditionnel dont la valeur patrimoniale présente un intérêt départemental, le Département souhaite attirer l’attention sur un patrimoine collectif.
Appel à projet
Les trois premières éditions ont permis de mettre à l’honneur 18 biens concernant un patrimoine commémoratif, architectural (religieux et civil) et vernaculaire situés dans une fourchette chronologique entre le 16e et le début du 20e siècle.
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Photographies et notices historiques sont à disponibles en cliquant sur le site choisi
24 RÉSULTATS TROUVÉS Voir la liste complète |
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Alvimare (2020)
Les croix des Blanques
76640 Alvimare https://www.alvimare.fr/ Les croix des Blanques © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon Le domaine de Blanques se trouvait dans le village-rue d’Alvimare, créé aux marges du terroir de Cléville. Cette appellation, aujourd’hui topographique, est encore présente, permettant de nommer et d’identifier une chapelle et des croix de chemin. Elle provient probablement de la déformation du nom du seigneur local, Bellengel ou Bennengel. Cette terre de Blanques était un plein fief de haubert, relevant directement du roi, et s'étendant sur les paroisses d'Aliquerville, de Cléville et de Foucart. La puissance de cette famille s’appuie notamment sur une motte féodale encore visible sur le domaine actuel, à proximité d’une maison forte aujourd’hui associée à la chapelle des Blanques.
Cette dernière, dédiée à sainte Barbe puis à sainte Anne, est édifiée en 1518 par Marie de Mauny. Le domaine passe à la famille Poullain de la Choltière en 1537 et plus d’un siècle plus tard, Hélène Poullain agrandit cette chapelle en construisant le narthex : elle fait placer une épitaphe dans le chœur retraçant la généalogie des seigneurs de Blanques… La chapelle, propriété privée, est classée au titre des Monuments Historiques par arrêté du 27 décembre 1974. La chapelle des Blanques, devant une butte identifiée comme la motte féodale du Seigneur Bellengel. © Département de la Seine-Maritime La chapelle des Blanques par l’abbé Paul Aubry, ADSM 6 Fi 96. © Département de la Seine-Maritime Elle se compose d’une nef au chevet à pans coupés, complétée un siècle plus tard par un narthex soutenant un petit clocher d’ardoises à « tinterelle » (petite cloche), datée de 1667 et portant les initiales du fondeur Jean Buret. L’ensemble garde une belle cohérence architecturale, construit sur un soubassement en pierre avec une élévation en pans de bois et une voûte en carène de bateau renversé. Identifiées sur le même domaine seigneurial et situées sur une route entre Alvimare et Ecretteville-lès-Baons, deux croix, dites croix des Blanques, se font face.
La croix la plus haute et la plus ancienne est classée au titre des Monuments historiques depuis 1913 et directement bordée par la route d’un côté et un champ de l’autre.
Arrêté de classement de la croix la plus haute. © Département de la Seine-Maritime Son socle de section triangulaire, en maçonnerie de pierre de moyen appareil, est mouluré aux angles et arasé sur la partie supérieure. Il repose sur des emmarchements présentant une allure effilée. Le fut se développe ensuite sur une grande hauteur, l’ensemble mesurant près de 9 mètres. Il est coiffé d’une croix en pierre fleuronnée. Si le socle est daté du 15e siècle, la croix terminale qui avait disparu a été remplacée au 19e siècle. La croix est orientée : le croisillon présente un Christ regardant l’ouest, le passant le regardant à son tour tourne les yeux vers l’est…
Détails de la croix la plus haute et la plus ancienne : base triangulaire, croix sommitale. © Département de la Seine-Maritime Les architectes et les historiens se sont interrogés sur ce socle massif et travaillé : s’agit-il du remploi d’un élément architectural non identifié ? Pour quelles raisons a-t-il été arasé ? pour le moment, aucun indice ne permet de trancher. De l’autre côté de la route, la croix la plus petite, non protégée au titre des monuments historiques, est en retrait, au sein d’une parcelle agricole. De facture plus modeste, elle présente deux marches de section quadrangulaire et une croix monolithe de section hexagonale. Si l’abbé Cochet écrit qu’elle est « moderne », elle pourrait être datée du 18e ou du début du 19e siècle.
D’après Cochet, sans qu’aucune source ne l’atteste, une première restauration aurait été réalisée par le baron d’Alvimare en 1842. Si la grande croix appartient à la commune, la plus petite est située sur les terres labourables d’un agriculteur qui, dans les années 1960, souhaitait la céder à la commune, dans l’espoir qu’elle soit déplacée près de l’église. Mais c’est bien le dialogue et la symétrie entre ces deux croix qui en font leur intérêt patrimonial. Et malgré l’accord donné par le préfet, le conseil municipal refuse le déplacement. La croix des Blanques en 1840, dessin de Lesage, publié dans Les manuscrits de Louis-François LESAGE (1762-1851) sur Caudebec et ses environs par Bruno PENNA. ADSM 944.25 PEN M Une restauration est menée par la commune en 1977, puis quarante ans plus tard, complétée par la création d’un aménagement paysager. Deux croix qui se font face restent un mystère. Qui dit mystère, dit légende. La plus connue est rapportée par A. Guilmeth (1838), qui affirme que ces croix auraient été érigées par la fille du seigneur des Blanques, une certaine Jehanne de Bellengues, « d’une beauté ensorcelante ». Courtisée à la fois par le seigneur d’Auzouville et par celui d’Auberbosc, elle refuse de choisir et les deux chevaliers se battent « en un furieux duel » jusqu’à y laisser tous les deux la vie. La plus grande croix serait en mémoire du sieur d’Auzouville, que la belle préférait en secret et l’autre à celle de son rival. Une autre légende rapporte cette fois que ces croix auraient été dressées à la mémoire d’un soldat français et d’un soldat anglais, morts face à face pendant la guerre de Cent Ans. La plus haute croix serait à la mémoire du Français… Mais plus vraisemblablement, ces croix indiqueraient les limites de deux paroisses ou de deux seigneuries, probablement entre les domaines de Cléville et celui de Blanques, dont la rivalité semble attestée dans les sources archivistiques. Ces croix marquent un carrefour qui n’existe plus aujourd’hui, entre la route communale partant du centre bourg d’Alvimare vers le lieu-dit des Blanques et le chemin de Caudebec à Fauville, visible sur le cadastre napoléonien de 1809.
Version anglaise https://www.seinemaritime.fr/docs/Ver%20ENG%20NOTICE%20Alvimare(2).pdf |
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Auzouville-sur-Ry (2019)
Puits fermé
chemin de la côté 76116 Auzouville-sur-Ry
Version en anglais |
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CRITOT (2023)
Monument commémoratif 1870
rue de la gare intersection avec la D12 76680 critot Située dans le pays de Bray, Critot est une commune dont les premières traces d’occupation remontent au Paléolithique moyen (entre 350 000 et 45 000 ans avant le présent). Depuis la Préhistoire, l’occupation de ces terres est régulière sans afflux considérable de population. Depuis le 18e siècle jusqu’à aujourd’hui, Critot est une commune rurale entourée de zones agricoles. Au 19e siècle, cette campagne est traversée par une ligne de chemin de fer reliant la Picardie à la Normandie. C’est légèrement en retrait du village, à sa sortie, à proximité des champs que se dresse ce monument commémoratif. Il n’est pas dressé en mémoire des morts d’une guerre, mais d’un évènement particulier et local survenu en octobre 1870. En effet, la guerre franco-prussienne débute en Juillet 1870, et si Napoléon III capitule à Sedan le 2 septembre de la même année, rétablissant la République, le gouvernement provisoire choisit de poursuivre la guerre contre l’armée prussienne. La commune de Critot, à proximité de la ligne de front, est longée par une voie de chemin de fer reliant Montérolier-Buchy à Motteville. Dans ce contexte de guerre, le contrôle des voies de chemin de fer permet la mobilisation rapide des troupes et un acheminement tout aussi rapide des armes et devient un enjeu essentiel. Ainsi, les voies de chemins de fer du Nord, de l’Est et de la ligne PLM (Paris-Lyon-Marseille) sont réquisitionnées par les autorités militaires françaises dès juillet 1870. À l’avancée des troupes prussiennes, certaines gares françaises connaissent l’occupation stratégique, limitant l’approvisionnement du front en armes, en vivres et en soldats. Carte des chemins de fer en Haute-Normandie, 1900-1999, ADSM, 12Fi614 Carte de Critot, 1882, ADSM 3 OP 1380 Nombreux sont les volontaires qui s’engagent après la capitulation de l’Empereur. Depuis Boulogne-sur-Mer, 330 soldats de la 8ème Compagnie du 20ème bataillon de Chasseurs à pieds reçoivent l’ordre de rejoindre Rennes. Le train prend cette ligne dans la nuit du 3 au 4 octobre 1870. Après un arrêt en gare d’Amiens, l’accident survient aux abords de Critot : le train, chargé d’officiers, de soldats et de cartouches emprunte une voie de garage malencontreusement ouverte à son passage. Une erreur d’aiguillage, donc, propulse le train à toute vitesse contre le talus qui terminait la voie. Les premiers wagons finissent en plein champs, tandis que les derniers bénéficient d’un frein naturel dû à l’amortissement du choc en tête de train : ces derniers wagons, transportant les gradés ainsi que le matériel explosif, sont épargnés du plus gros des dégâts. Les premiers secours arrivent après l’appel du maire de Critot, plusieurs communes avoisinantes rejoignent le lieu de l’accident, depuis Cailly, Buchy ou encore Neufchâtel. Au petit matin, ce sont des secours de Formerie et d’Amiens qui arrivent sur les lieux, tandis que les blessés sont conduits dans les fermes aux alentours. Tous les hommes sont peu à peu transférés à l’Hospice général de Rouen. Le bilan de cet accident est lourd, au total, 14 hommes ont péri, le nombre de blessés, plus ou moins gravement, s’élève à une centaine. L’incident et les victimes, principalement originaires du Pas-de-Calais, impactent énormément les habitants de Critot et des environs, et ce même vingt ans plus tard. En effet en 1890, la paroisse décide d’édifier un monument commémoratif de l’évènement. On choisit un calvaire qui est béni le 21 janvier 1890. C’est sans doute à l’occasion de son inauguration qu’on publie le récit de cet évènement, a posteriori. Le monument rend donc à la fois hommage aux victimes et à la population, qui « montra un dévouement au-dessus de tout éloge et un patriotisme plein de désintéressement »[1] : Le témoignage d’un jeune étudiant en droit, Fernand de Gévrie, qui s’était lui-même engagé dans le bataillon et qui fut gravement blessé dans l’accident est relaté dans son article paru deux ans plus tard : « Pendant ce temps, le maire de Critot, M. Auguste Leroux, accompagné de son adjoint, M. Etienne Papillon, fait battre la générale et sonner le tocsin, signal d’alarme répété dans les communes voisines. À cet appel, les habitants, croyant eux aussi à une attaque des Prussiens […] accourent résolus à faire une vigoureuse résistance. Mais aussitôt qu’ils apprennent la triste réalité, tous, hommes et femmes, s’empressent avec les soldats valides à contribuer au sauvetage »[2] . La presse s’attache à raviver la mémoire de l’évènement : y sont citées la ferme de la famille Captot qui, par sa taille, a pu accueillir de nombreux blessés pour leur prodiguer les premiers soins ou encore la ferme occupée par M. François Masson qui « reçut une certaine quantité de blessés ». Le calvaire prend place non loin du passage à niveau, à l’intersection des rues de la Gare, de la Briqueterie et de la route de Saint-Saëns, non loin des lieux de l’accident de 1870. Haut de sept mètres et réalisé en pierre de Lorraine, ce calvaire est monumental, par sa taille et sa composition. Une croix à la section carrée et très massive trône sur un important socle, qui accueille deux saints personnages : à gauche de la croix est représenté saint Jean, agenouillé. À droite se tient une vierge en pied, les mains jointes en prière. Carte postale éditée en 1900, ADSM 2 Fi CRITOT 1 Plusieurs inscriptions ponctuent le piédestal. Les noms des différents donateurs sont inscrits sous les figures de Marie et saint Jean : les familles Dantan (cette dernière ayant offert les statues) et Du Thil Riberpré Frères. Sous la plaque de marbre centrale, on peut lire « Famille De Captot et Mr et Mme De Formigny de la Londe ». La première a aidé à loger et soigner les blessés à l’issue de l’accident, la seconde cède le terrain pour l’érection du calvaire. La partie centrale du socle rappelle l’évènement, la date à laquelle il est survenu, et rend hommage au 20ème bataillon. On y lit aussi la date de l’érection du calvaire. Enfin, chacune des faces du socle porte le nom des victimes et la région dont elles étaient originaires. Nom d'un donateur gravé sur la base du monument ©CAOA Ce calvaire commémore un évènement marquant dans la région, le fait que le monument ait été érigé vingt ans après qu’il soit subvenu témoigne de son importance et du traumatisme qu’il représente pour les habitants : la nécessité de rendre hommage et de faire vivre la mémoire de ces hommes ne s’est pas dissipée. Certains des donateurs ont eux-mêmes été témoins de ce qui fut appelé « la catastrophe de Critot ». L’évènement a sans aucun doute marqué la commune, ses habitants et la paroisse qui œuvrèrent au secours des blessés. Par ailleurs, s’il ne commémore pas la guerre de 1870 et ses victimes, l’accident est naturellement à replacer dans un contexte qui suit la débâcle militaire napoléonienne. [1] Episode de la guerre franco-allemande. La catastrophe de Critot, nuit du 3 au 4 octobre 1870 , par F. S. Date de l'édition originale : 1890 [2] La revue des deux-mondes, Un Invalide, souvenir de 1870 Version en anglais |
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Cuy-Saint-Fiacre (2021)
Monument aux morts
rue Roger-Cressent 76220 Cuy-Saint-Fiacre Vue générale de face, 2021 © Département de la Seine-Maritime Après la Première Guerre mondiale, chaque commune élève un monument aux morts en souvenir de ses hommes morts au combat : tantôt des œuvres de séries proposées par des fondeurs ou des marbriers, vendues sur catalogue, tantôt des commandes auprès de sculpteurs plus ou moins réputés. François Pompon, aujourd’hui célèbre pour ses sculptures animalières, réalise ici le seul monument aux morts de son Œuvre. François Pompon, bourguignon d’origine, fréquente des écoles de sculpture à Dijon d’abord, puis à Paris. Il se met au service d’artistes illustres, comme Falguière, Rodin puis René de Saint-Marceaux. Ce dernier vit une partie de l’année à Cuy-Saint-Fiacre, avec son épouse, Marguerite Jourdain, veuve du peintre Eugène Baugnies (dont elle a eu trois fils, adoptés plus tard par Saint-Marceaux). Devenu le « praticien » ou assistant de René de Saint-Marceaux, François Pompon et sa femme louent une maison dans la commune dès 1896. Le village et ses alentours deviennent un lieu d’inspiration : animaux domestiques, chapelle de Beuvreuil, calvaire du village apparaissent dans ces croquis… avant de se spécialiser dans la sculpture animalière. Sur proposition de Georges Baugnies, maire, le conseil municipal sollicite l’artiste, dès 1919, pour réaliser le monument aux morts de la commune. Ce dernier connaît une passe difficile dans sa carrière. Pompon avait d’ailleurs postulé pour réaliser le monument aux morts de son village natal, Saulieu, mais n’a pas été retenu. Ce monument, le seul qu’il dessinera et sculptera, est donc un unicum dans son œuvre. Une première étude avec devis est soumise au conseil municipal qui s’accorde pour dire que le projet « manque d’envergure » et demande à l’artiste de le revoir : la modification requise concerne essentiellement les dimensions de l’ensemble qui devrait atteindre 2 mètres de haut. Le 24 avril 1920, le maire, Henri Labonde, présente le projet modifié mesurant « dans son ensemble compris les marches 2,20 mètres de hauteur totale, 1,72 mètres de largeur et 1,04 mètres d’épaisseur… le tout pour une somme de 6950 Francs… ». Le nouveau projet plus onéreux oblige la municipalité à négocier de nouveaux subsides auprès de la préfecture pour compléter la souscription et le reste à payer à la charge de la commune. Projet de monument aux morts pour Cuy-Saint-Fiacre, dessin, encre sur calque, François Pompon, 1921, détail © ADSM 2 O 560 Maquette du monument aux morts de Cuy-Saint-Fiacre © Musée d’Orsay RMN Avant même que le budget ne soit réuni, le sculpteur se met au travail et sculpte l’œuvre sur place, dans le cimetière, au nord de l’église, face à la mairie-école. Le monument, réalisé pour une somme totale de 7527 Francs, est inauguré le 25 septembre 1921 en présence de l’artiste, endeuillé par le décès récent de son épouse. François Pompon lors de l’inauguration, 1921, © collection privée Le monument aux morts est taillé dans une pierre extraite à Euville dans la Meuse, un calcaire à entroques, utilisé notamment dans la construction du Paris haussmannien. La stèle taillée dans un seul bloc est composée d’une grande croix latine portant les noms des victimes sur la branche verticale. Derrière, flotte un drapeau régimentaire. Elle est surmontée d’un casque, sur lequel sont posés une palme et un coq gaulois aux ailes ouvertes. Une branche de chêne complète l’ensemble. L’œuvre illustre une double symbolique, patriotique et chrétienne. Quatre obus étaient à l’origine placés par paire sur le socle, légèrement en retrait, avec à l’arrière des ifs séparant le transept nord de l’église et le monument. Les obus entourent désormais la stèle, reliés par une chaîne, et une haie de jeunes ifs forment un rideau végétal sur l’arrière. Vue d’ensemble du monument © Eric Lemouton – Inventaire général 1988 L’artiste a signé la sculpture à l’ouest. Au dos, une inscription gravée contextualise la réalisation : le 25 septembre 1921 / ce monument dont la / souscription publique fut ouverte / le 28 septembre 1919 par / Georges Baugnies maire / a été inauguré par / Henri Labonde maire / et son conseil / l’abbé Prévost curé de Cuy / et béni par l’abbé Savoye / chanoine de Rouen. Inscription au dos du monument © Département de la Seine-Maritime Sur le socle sont placées deux palmes et une couronne de laurier, réalisées pour les deux premières par Jean Rabiant et pour la dernière par l’entreprise Rombaux-Roland, marbrier sculpteur, le modèle figurant à son catalogue. Le traitement de la sculpture et son implantation témoigne du sens de l’éclairage de l’artiste : le monument s’anime différemment en fonction de la saison (et de la hauteur du soleil dans le ciel) ainsi que de l’heure de la journée. Les trois faces du monument : un travail d’ombres subtil, © Les Amis de l’Ours L’artiste a également réalisé pour la commune un coq de clocher. Un album de dessins préparatoires conservé au département des arts graphiques du Louvre atteste qu’il s’agit d’une production de l’artiste. Fidèle à son amitié pour les Saint-Marceaux, Pompon achève leur tombeau, dans le cimetière de la commune. Les gisants représentent René, ciseaux à la main et son épouse, Marguerite, tenant un rouleau musical. Le fronton présente un personnage aux traits tirés, de profil, tendant la main vers deux autres personnages, probablement une allégorie de la mort attirant les deux époux. Version en anglais http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Cuy-Saint-Fiacre(1).docx |
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Douvrend (2022)
L'église Sainte-Marie-Madeleine et ses décors peints
488 rue de la chaussée 76 630 Douvrend Vue aérienne depuis le sud-ouest, avant les travaux, 2019 © commune de Douvrend Situé dans la vallée de l’Eaulne, Douvrend est édifié sur le passage de la voie antique qui menait de Dieppe à Beauvais, appelée Chemin de César et Chemin des Romains. De nombreux vestiges préhistoriques et gallo-romains ont été mis à jour tout au long du 19e siècle. Le territoire bénéficie donc d’une présence humaine ancienne. L’occupation du site perdure à l’époque. En témoigne une importante nécropole découverte en 1838, au lieu-dit Le Camp de l’Arbre, où près de 200 squelettes avec des armures et un mobilier funéraire varié ont été exhumé. Fibules découvertes à Douvrend en 1865, dessin à la plume et au lavis, ADSM 6 Fi 10/136 et 6 Fi 7/06 Les sources archivistiques et bibliographiques prennent le relais pour les périodes suivantes et attestent notamment que le roi saint Louis cède en 1261 le patronage de Douvrend et de Humesnil à son conseiller Eudes Rigaud, archevêque de Rouen. C’est à cette époque que l’église est construite. Détruite pendant la Guerre de Cent ans, elle est remaniée au 16e siècle sur un plan en croix latine, en conservant les transepts, seuls vestiges du 13e siècle. Les arcades du clocher sont reprises, des chapelles latérales sont ajoutées au chœur. Les remaniements sont tels qu’une nouvelle consécration de l’église à sainte Marie-Madeleine est célébrée le 14 mai 1529 par Nicolas de Coquinvilliers, archevêque de Rouen. Plaque de consécration, chœur nord, classée au titre des Monuments Historiques par arrêté du 20 octobre 1913 © commune de Douvrend Au sud du chœur, l’ancienne chapelle Sainte-Catherine, aujourd’hui chapelle de la Vierge, est bâtie en 1639 par la famille Le Sénéchal. Au nord, la chapelle Saint-Antoine, édifiée en 1652, est devenue l’actuelle sacristie. Ces chapelles étaient alors fermées avec des balustrades, abattues en 1724 par l’abbé Joly, curé de la paroisse « parce qu’elles empêchaient les paroissiens de voir les saints mystères ». À la fin du 17e siècle, un incendie détruit intégralement la flèche et les combles de la nef. En 1722, la tour carrée maçonnée du clocher est en partie reprise et cinquante ans plus tard, le portail ouest est construit par le maître-maçon Legrand. Et à la fin du 19e siècle, la nef est à son tour restaurée. Cet édifice porte la trace de ces remaniements successifs : son hétérogénéité extérieure est compensée par l’homogénéité de l’intérieur et de la richesse de ses décors. L’église est connue pour ces peintures murales repérées dès le 19e siècle par l’abbé Cochet, dont le témoignage nous indique que l’ensemble de ses voûtes étaient couvertes de peintures. En effet, dans son ouvrage Les églises de l’arrondissement de Dieppe, l’abbé Cochet nous indique que « la nef est couverte dans toute son étendue, par un plafond en bois, divisé par petits carrés, offrant sur un fond bleu semé d’étoiles soit les monogrammes de Jésus et de Marie, soit des anges tenant dans leurs mains des banderolles chargées de devises latines en l’honneur de la sainte Vierge ». En 1881, cette voûte est remplacée par une voûte en plâtre, mise en œuvre par Victor Saint-Martin, entrepreneur à Dieppe, et ornée d’un faux-appareillage. Aujourd’hui, les peintures monumentales sur les voûtes de la croisée du transept et du chœur, ont été restaurées et proposent un décor peint remarquable, autour du thème de la Cour céleste. Apparu dans la tradition textuelle dès le 3e siècle, ce thème apparaît dans l’iconographie occidentale au 9e siècle. Elle devient l’expression privilégiée du paradis dans l’art chrétien aux 14e et 15e siècles. La croisée du transept est couverte d’une voûte nervurée en moellons peinte et représentant la Toussaint. Sur le voûtain Est, la Trinité (dont la colombe représentant le Saint-Esprit a disparu) et la Vierge Marie sont entourées de saint Pierre et des Apôtres à gauche, et, de saints martyrs tenant une palme à droite. Sur le voutain Ouest, des personnages féminins, dont sainte Catherine d’Alexandrie (avec son attribut, la roue) et sur le voutain Nord, des personnages masculins, dont saint Laurent (avec son attribut le gril), participent de cette représentation collective des saints. Sur le voutain sud, ce sont les Pères de l’église qui apparaissent coiffés de tiares (réservées aux papes). L’un des principes de la restauration est de restituer dans le dernier état connu, assuré par des sources archivistiques ou iconographiques : ici leur trop mauvais état de conservation ne peut permettre une restitution complète. Vue générale de la voûte peinte de la croisée du transept, représentant la Toussaint, 2019 © Commune de Douvrend Les peintures du tympan sur le pignon ouest du chœur porte le Jugement dernier. Dans une double arcature cintrée, sont représentés en pied saint Pierre, gardien des clés du ciel, et saint Paul, exemple de conversion au christianisme. Avant / après restauration, 2019-2022 © Esther Albendea / commune de Douvrend Les 87 m2 de la voûte lambrissée du chœur sont ornés, sur un fond bleu étoilé, d’anges alternant avec les monogrammes du Christ et de la Vierge. Selon Thomas d’Aquin, la hiérarchie céleste classe les créatures angéliques en 9 catégories, de l’ancien au nouveau Testament, regroupées en 3 degrés. Avant / après restauration, 2019-2022 © Esther Albendea – Ateliers Giordani / Commune de Douvrend Les anges représentés ici correspondent au premier degré, et ont le privilège de servir Dieu directement : - Les Séraphins, personnifiant l’Amour, sont représentés avec 3 paires d’ailes ; - Les Chérubins, personnifiant la Science, comme des anges avec 2 ailes ; - Les Trônes, personnifiant l’Humilité et la Justice, comme des anges ailés en pied, portant les attributs de la Passion du Christ. Les trois anges du premier degré de la hiérarchie céleste, 2019 © Esther Albendea L’ensemble de ces peintures, sur bois ou sur pierre, sont réalisées à main levée sans dessins préparatoires. Cette voûte a probablement connu plusieurs campagnes de montage et de mise en couleur. Néanmoins, les similitudes stylistiques avec la voûte peinte de l’église de Muchedent, située à vingt kilomètres de là, laissent à penser qu’elles datent de la 2nde moitié du 17e siècle. Cette voûte lambrissée et la peinture murale du tympan (Jugement dernier) sont inscrites au titre des Monuments historiques. L’édifice conserve des objets intéressants, également protégés au titre des Monuments historiques, parmi lesquels des représentations de Marie-Madeleine (statue du 16e siècle, peinture sur toile du 18e siècle) à laquelle l’église est vouée. Des aménagements intérieurs ont été réalisés au 18e siècle, notamment les boiseries et les stalles du chœur, réalisées par François-Adrien Buzot, menuisier. L’église de Douvrend vous invite à redécouvrir son patrimoine, et à venir apprécier le talent des restaurateurs du XXIème siècle et ce savoir-faire qui a permis de redonner tout son éclat à sa voûte céleste. Version en anglais http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Douvrend_EN(1).pdf |
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Ecrainville (2023)
Eglise Saint-Denis
route de Criquetot 76110 Ecrainville Le village d’Écrainville prend place au cœur du pays de Caux. Si elle se situe sur le plateau cauchois, la commune s’inscrit dans un paysage vallonné, ponctué de clos-masures, structure paysagère délimitée par des talus plantés d’arbres et caractéristique du pays de Caux. La mention « Écrainville » apparaît sous la forme d’Escreinvilla à la fin du XIIe siècle, ce premier nom, d’origine latine, a subi plusieurs interprétations, mais il pourrait désigner un domaine « villa » situé au-delà des routes (préfixe ex- signifiant « hors de » et du mot gravinum qui finira par donner le mot gravier). Le territoire fut jadis sous occupation gallo-romaine (Ier - IIe siècles), comme en atteste l’investigation de l’ancienne voie romaine reliant Fécamp à Harfleur. L’année 1778 marque la découverte fortuite de ce qu’on appellera « la caverne des morts » : des vestiges d’une exécution collective de près de 150 individus dénombrés dans une crypte par l’abbé Diquemare, elle serait contemporaine de la création de l’église au XIe siècle. Cette grande voie citée précédemment permet à différents domaines seigneuriaux d’émerger tels que Tennemare, seconde entité paroissiale qui sera rattachée au hameau d’Écrainville en 1826. Si l’église de Tennemare est construite sous le patronage de saint Nicolas, puis détruite au XIXe siècle, c’est sous la protection de saint Denis qu’est placée celle d’Écrainville. L’église Saint-Denis d’Écrainville est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques par l’arrêté du 24 novembre 1926. Cet édifice est situé au cœur du village, surnommé le « carreau » par les écrainvillais dès le XIXe siècle en raison de l’agencement des bâtiments faisant face à la paroisse et le long de la route de Goderville. La nef de l’église Saint-Denis présente un vestige du mur du XIe siècle (mur nord), attestant de son existence dès cette époque. Elle siège au centre du cimetière, délimité par un muret de clôture. L’appareillage associe brique rouge et moellon de silex à l’extérieur. L’église Saint-Denis arbore un style roman à l’extérieur, d’une part par son plan basilical (ou en croix latine) flanqué d’un clocher de base carrée à la croisée du transept et de la nef. Par son élévation, d’autre part, chacune des faces du clocher accueille une baie géminée soutenue par une colonnette et sa flèche est de forme octogonale. Elle se distingue toutefois par l’hétérogénéité de ses phases de construction/reconstruction : outre son plan d’époque romane, presque contemporain de son clocher de section carrée (reconstruit au XVIIe siècle), des interventions ultérieures vont peu à peu faire cohabiter architecture romane et gothique témoignant d’un mélange des styles particulièrement réussi. Le clocher est flanqué de chapelles en brique percées de baies gothiques. Aussi, si le portail appartient à la phase de construction la plus ancienne. Son style roman, étant reconnaissable au décor de voussures et zigzag, la façade à pignon est plus récente : les deux éléments s’intègrent toutefois assez harmonieusement l’un à l’autre. L’Architecture Romane au XIème et XIIème siècle en Normandie et en Angleterre par V. Ruprich-Robert, Architecte, Inspecteur général des Monuments Historiques. Tome II. 1885-1889. © BNF - Gallica À l’intérieur, on est frappé par l’inégalité de traitement des arcades de la nef : Au nord, on peut observer des arcs en plein cintre arrondis reposant sur des colonnes courtes et cylindriques. Au sud, on construit au XVIe siècle des arcs brisés de style typiquement gothique. Des chapelles dans le transept sont ajoutées à la même époque. Aussi, les arcades anciennes du clocher sont conservées entre le chœur et la nef mais le transept arbore des arcs en ogive gothique. La campagne de travaux menée par l’abbé Gacquerel au XVIIIe siècle permet de réédifier une grande partie du chœur, qui s’ancre dans le prolongement de la nef d’origine. En 1794, l’église sera transformée en temple républicain avant d’être un lieu de réunion. L’église Saint-Denis est singulière par ce mélange des styles, mais reste proche de l’identité architecturale locale du pays de Caux, ne serait-ce que par l’appareillage, en silex et briques. Photographie de l'intérieur de l'église Saint-Denis d'Écrainville, 1900, ADSM 20FiECRAINVILLE2 Outre son architecture composite qui n’en est pas moins caractéristique du pays de Caux, l’église d’Écrainville conserve des objets intéressants tels qu’une représentation de saint Denis et l’autel qui, témoignant toujours d’un certain éclectisme, est le fruit de l’incorporation d’éléments anciens à une création contemporaine du XXe siècle. Photographie de la statue de Saint Denis, 1981, archives de la mairie d'Écrainville L’église, placée sous le vocable de St Denis en possède une représentation : une statue placée dans une niche, à gauche de l’autel. Réalisée en bois peint, elle conserve des traces de polychromie et est datée du XIXe siècle. On le reconnaît aisément à la tête qu’il tient entre ses mains. Saint Denis, premier évêque de Paris, fut missionné par le Pape d’évangéliser la Gaule. La christianisation menaçait alors Rome ce qui donna lieu à plusieurs vagues de persécutions. Saint Denis fut donc arrêté, torturé puis décapité au IIIème siècle de notre ère. La légende raconte que lors de sa décapitation, il se saisit de sa propre tête, et continua à avancer vers l’emplacement qu’il souhaitait pour son tombeau, guidé par des anges. C’est cet épisode de la vie du saint qui est représenté ici : la tête coupée constitue un attribut éloquent puisqu’il évoque à la fois son martyre et permet de l’identifier. Ainsi, deux anges sculptés en bois doré, datés du XVIIe siècle sont intégrés de part et d’autre de l’autel. Ce dernier, consacré dans les années 40, est dessiné par M. Auguste Martin et exécuté par la marbrerie fécampoise Demongé. Ces deux anges arborent un style proche de celui de Michel Lourdel (1577-1676), sans doute ont-ils été réalisés par un suiveur du sculpteur rouennais. Le sujet des anges adorateurs est très fréquent dans les créations de style « Lourdel », c’est ce qui a largement contribué au succès du sculpteur et de ses retables au XVIIe siècle. Ces deux anges sont classés au titre des Monuments Historiques depuis 1991. Quant à l’autel, sa façade principale est gravée et dorée, on y reconnaît l’épisode de la communion de saint Denis par le Christ. Une gravure noire sur fond d’or représentant deux anges adorateurs orne le tabernacle, et semble faire écho aux remploi des anges du XVIIe. Menu : Souvenir de la Consécration du Maître-autel, dessin d'A. Martin, 1948, collection particulière Un des deux anges, à la manière de Lourdel, 17e siècle © CAOA L’église d’Écrainville, entourée de son cimetière, s’inscrit au cœur du village. Le carreau XIXe intègre la mairie et l’église soit les deux autorités de l’époque et constitue alors un véritable espace public. La commune d’Écrainville, soucieuse de mettre en valeur son patrimoine, a la volonté de restituer davantage cet espace en essayant de renouer avec l’ancienne organisation du centre. C’est dans ce sens que la campagne de restauration de la jolie demeure d’époque Henri IV a débuté. Cette construction arbore le même appareillage en silex et briques, additionné de quelques colombages : endroit tout choisi pour accueillir la mairie à l’issue des travaux. Version en anglais |
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Gonzeville (2020)
L'Ecole d'autrefois
rue du calvaire 76560 Gonzeville https://www.plateaudecaux.fr/tourisme/visiter/gonzeville-un-village-typique-du-pays-de-caux/ © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon Plusieurs lois votées au cours du 19e siècle imposent aux communes d’entretenir une école primaire[1] ainsi qu’un hôtel de ville[2], tout en pourvoyant aux dépenses relatives à l’instruction publique, l’enseignement primaire étant obligatoire depuis la loi Ferry de 1881. Dans ce contexte, la commune de Gonzeville, qui compte près de 400 habitants au milieu du 19e siècle, possède deux écoles, l’une installée dans une maison presbytérale, l’autre communale, dans un bâtiment en torchis et ossature de bois. En effet, la commune décide d’édifier une « maison d’école » dès 1854 : un décret ministériel de 1857 « autorise la commune à acquérir de M.Lieury pour 1300 francs une maison avec dépendance pour être appropriée à usage d’école ». Des travaux sont nécessaires pour donner au lieu sa nouvelle fonction. Plan en élévation et au sol de la maison d’école, 1875, ADSM 1 T 1361. © Département de la Seine-Maritime Quarante ans plus tard, la commune achète un nouveau terrain, à M. Thoumyre, situé au nord-est de la maison d’école pour y construire une école mixte avec le logement de l’instituteur. Ce terrain de 10 acres planté d’arbres fruitiers doit être aménagé : l’architecte René Martin (1854-1938) propose en 1895 un plan au sol et des élévations de la nouvelle école.
Achat d’un terrain au nord-est de la maison d’école, 1895, ADSM 2 O 1027. © Département de la Seine-Maritime Plan de la nouvelle école mixte avec logement de l’instituteur, par l’architecte René Martin, 1895, ADSM 2 O 1027. © Département de la Seine-Maritime Peu après, le projet initial se trouve complété par la construction d’une mairie neuve, faisant pendant à la classe. Cela s’inscrit dans le déploiement sur le territoire de la République des mairies-écoles, en ville comme à la campagne. Ces bâtiments communaux varient selon la taille et les moyens de la commune, mais répondent aux mêmes besoins, liés aux responsabilités communales : siège de la mairie, école (filles et garçons) et logement de l’instituteur (souvent secrétaire de mairie). La nouvelle mairie-école de Gonzeville, qui répond aux besoins édictés dans les textes ministériels, est ouverte en 1901 et la commune poursuit l’achat de fourniture et mobilier scolaire au-delà de cette date. Il est décidé de transformer une partie des anciens bâtiments ayant alors usage de classe et de logement de l’instituteur en préau couvert pour les filles, en buanderie et en cellier. L’ancienne maison d’école, reconvertie en préau ouvert. © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon Ce préau abrite encore aujourd’hui plusieurs cartes géographiques peintes sur les murs en torchis, témoignant de son usage passé. À une carte de l’Europe, dont il ne reste que le cartouche l’identifiant, et à une carte, peu lisible (représentant les cours d’eau ou le découpage administratif de la France), s’ajoute une carte de la Seine-Inférieure. Toutes sont encadrées d’un liseré de couleur et portent leur titre dans un cartouche bleu. Carte de la Seine-Inférieure avec son cartouche supérieur. © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon La salle de classe reste en usage jusqu’en 1992, date à laquelle, à cause du nombre décroissant d’élèves, l’école est rattachée à Doudeville. L’école a été reconstituée avec le mobilier resté en place, complété avec l’objectif de créer un lieu de visite proposant un saut dans le temps, dans une classe des années 1950. L’École d’autrefois, à Gonzeville, est née. Autour du poêle, sont disposés des bureaux d’élèves à encrier, faisant face au bureau de l’instituteur sur son estrade. Aux murs sont suspendues cartes géographiques et planches d’histoire naturelle. Le matériel pédagogique est rangé dans des armoires en fond de classe.
Les bureaux d’élèves autour du poêle et son seau à charbon. Cartes et planches aux murs. © Département de la Seine-Maritime Les visiteurs sont ramenés à leurs propres souvenirs de scolarité, notamment à l’époque du certificat d’études primaires. D’ailleurs, ils peuvent être mis à l’épreuve d’une dictée ou d’un problème mathématique, à résoudre sans calculatrice et à la plume !!
L’ambiance de classe des années 1950. © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon Avis aux nostalgiques ! Ce village recèle d’autres patrimoines à découvrir : église Saint-Samson, manoirs et belles demeures dans un environnement préservé …
[1] Loi sur l’instruction primaire du 28 juin 1833, dite loi Guizot et Loi du 15 mars 1850 relative à l’enseignement, dite loi Falloux. [2] Loi du 5 avril 1884 relative à l’organisation municipale.
Version anglaise https://www.seinemaritime.fr/docs/Ver%20ENG%20NOTICE%20Gonzeville.pdf |
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Hautot-le-Vatois (2022)
La chapelle seigneuriale de l'église Notre-Dame
2 route d'Envronville 76190 Hautot-le-Vatois Vue intérieure de la chapelle seigneuriale © Département de la Seine-Maritime, 2022 Le village d’Hautot-le-Vatois, rattaché à la baronnie de Saint-Wandrille, abrite une église, mentionnée dès 1024 dans les sources archivistiques. L’église Notre-Dame du Rosaire, de plan simple, présente un appareillage en briques et moellons. Elle ne garde de son aspect primitif que sa tour romane, et ses fonts baptismaux. Vue d’ensemble de l’église, © Département de la Seine-Maritime, 2010 Bien que l’église possède un mobilier particulièrement intéressant et protégé au titre des monuments historiques, concentrons-nous sur la chapelle de la Sainte Vierge, située au nord du chœur, et construite de 1632 à 1635. L’abbé Loth, dans son manuscrit donné aux Archives départementales en 1890 (Notions historiques concernant la paroisse et l’église de Hautot-le-Vatois du diocèse de Rouen, ADSM F 29), indique que l’abbaye de Saint-Wandrille cherchait à se créer de nouvelles ressources pour réparer l’église d’Hautot : elle passe alors un bail emphytéotique du fief avec Antoine Deschamps, seigneur du lieu et avocat au Parlement de Normandie. Les moines de Saint-Wandrille, sous l’abbatiat de Ferdinand de Neuville, lui accorde la permission d’édifier une chapelle attenante à l’église, sur son côté nord, pour servir de sépulture à la famille et pour assister aux offices. Selon la tradition locale, cette dernière serait l’illustration de la réconciliation entre l’oncle et le neveu Deschamps. Intégrée dans un cadre sculpté de style Renaissance, la plaque de marbre noir est gravée d’une inscription funéraire, indiquant que la chapelle sert de tombeau à plusieurs générations de seigneurs des familles Deschamps et Boishébert. © commune de Hautot-le-Vatois L’édification et l’entretien de cette chapelle est à la charge financière du seigneur. Si l’autorisation est donnée pour pratiquer une ouverture dans le mur du chœur, il se voit obligé de couvrir la voûte de lambris et de réserver le chevet de la chapelle à un usage de sacristie. En effet, proche du maître-autel, une porte est percée pour accéder au sanctuaire. Arcade ouvrant la chapelle sur le chœur de l’édifice, © Département de la Seine-Maritime, 2022 Cette chapelle de famille, construite entre 1632 et 1635, se présente aujourd’hui comme elle a été pensée. Ouverte sur l’église par deux grandes baies en plein cintre séparées par une colonne, elle est coiffée d’une voute lambrissée peinte. Des aménagements mobiliers ont eu lieu au 19e siècle, où le maître-autel, situé initialement dans le chœur de l’église, y est déplacé dans la chapelle. Ancien maitre-autel, daté du 17e siècle, abritant un tableau représentant une Annonciation, de l’école des Restout et Jouvenet. Tableaux et retable restaurés en 2011. © Département de la Seine-Maritime, 2022 À l’arrière de cet autel, se cache un bas-relief, la Déploration sur le corps du Christ, copie en terre cuite d’une œuvre de Germain Pilon, datant de la fin du 16e siècle. Cette réplique en plâtre polychrome est encadrée de deux anges adorateurs qui viennent compléter la scène originale, dans un encadrement à fronton brisé. Elle est inscrite à l’inventaire au titre des Monuments Historiques en mai 1988. Vue du bas-relief de l’église, desservi par un badigeonnage de couleurs naïves © Département de la Seine-Maritime, 2022 L’église et sa chapelle est repérée par l’abbé Cochet, dans son ouvrage Les églises de l’arrondissement d’Yvetot (1852) : « … la merveille de cette église, c’est la chapelle de la sainte Vierge, construite au côté septentrional du chœur. Nous ne craignons pas de dire que, toute flétrie, toute fanée, toute mutilée qu’elle est, elle n’en reste pas moins, pour un vrai connaisseur, une des plus jolies chapelles de l’arrondissement d’Yvetot et un vrai chef-d’œuvre du règne de Louis XIII ». La chapelle n’est plus ni flétrie, ni fanée, ni mutilée. La commune, consciente de son intérêt patrimonial, a engagé sa restauration en 2009, apportant une attention particulière à la voute lambrissée, au retable et aux vitraux classés au titre des Monuments Historiques. « Le berceau est composé avec un feuillet très fin, parfaitement combiné. Une peinture appliquée sur ce parquet, reproduit une série d’emblèmes relatifs à la sainte Vierge. Immédiatement au-dessous de cette boiserie s’étend une élégante bordure fleuronnée », décrivait l’abbé Cochet. En effet, l’ensemble de la voûte présente un décor peint avec alternance de trois motifs répétitifs (têtes d’ange, monogramme du Christ IHS dans un soleil rayonnant, ciboire avec hostie) et d’une frise dentelée le long des cache-clous. La peinture et les motifs sont réalisés au pochoir ou au poncif[1]. Seules trois fleurs de lys ont été retrouvées sur l’ensemble de la voute : elles ont probablement été frottées à l’époque révolutionnaire. Avant le chantier de restauration (2009-2011), la voute présentait localement un état d’altération important, avec perte de matière et de résistance mécanique (bois fragilisé ou vermoulu) ainsi que des déformations. À la consolidation et au nettoyage des lambris peints sur place et en atelier, s’est ajoutée la fixation du décor peint et la retouche de la polychromie. Le résultat est surprenant en comparaison avec les photos prises lors de la phase de diagnostic de la voute peinte. Avant / après voûte de la chapelle © Commune de Hautot-le-Vatois, 2009 © Département de la Seine-Maritime, 2022 Ce décor peint est contemporain de la construction de la chapelle au même titre que les verrières qui s’y trouvent. Néanmoins, l’ensemble comptant initialement neuf verrières a subi les vicissitudes du temps, déposé pendant la Seconde Guerre mondiale puis reposé en 1953. Seules cinq verrières nous sont parvenues. La verrière fragmentaire qui représente le Saint-Sacrement à travers le partage du pain par deux anges porte la mention Ecce panis angelorum. Elle était placée à l’origine au-dessus du tabernacle, au chevet de la chapelle, où se trouvent désormais des verrières losangées. Cette verrière était entourée de huit anges musiciens ou tenant des encensoirs dont quatre sont conservés. Encadrés de bordures ornées de grotesques et de motifs décoratifs renaissants, les anges jouent de l’orgue, de la viole de gambe et de la harpe, un autre chante sur un livre l’hymne de pange lingua. « Constitués uniquement de grisailles et de camaïeux, les vitraux de la chapelle forment une harmonie de teintes du plus émouvant effet »[2]. Le programme iconographique, les techniques d’exécution mêlant grisaille et émail sur verre, jaune d'argent et sanguine ainsi que le contexte de création, justifient leur classement au titre des Monuments Historiques par arrêté du 19 mai 1937. Verrière représentant le Saint-Sacrement, 17e siècle, © Région Normandie [1] Poncif : calque à petits trous qui permet de reporter un dessin préparatoire sur une surface à peindre. Le poncif, posé sur la pièce, est tamponné à l’aide d’un petit sachet de toile rempli de poudre de charbon de bois : la poudre pénètre les trous du poncif et reporte le motif sur la pièce à décorer. Ce tracé fantôme sert de guide au peintre pour tracer son décor. [2] Abbé Cochet, Les églises de l’arrondissement d’Yvetot. 1852 Version en anglais http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Hautot-le-Vatois_EN.pdf |
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Les Grandes-Ventes (2021)
3 place de l'hôtel de ville
76950 Les Grandes-Ventes Vue de la fontaine Garnier de face, © Département de la Seine-Maritime À proximité de l’église, a été édifiée, en 1867, la mairie, dans une architecture ordonnancée et symétrique et coiffée d’un lanternon. Des bâtiments d’habitation complètent l’ensemble, en formant une place en arc de cercle, au centre de laquelle s’élève la citerne Garnier. Dès l’été 1874, dans un contexte de fortes chaleurs, la municipalité s’émeut de la difficulté des villageois de se prémunir face à la sécheresse : de fait, le village est éloigné de 5 à 6 kilomètres du point d’eau le plus proche. Elle sollicite donc le préfet de Département pour une aide financière utile à la construction d’une citerne accessible à tous. Pour une raison inconnue, le projet prend du retard. Il faut attendre quinze ans pour que le maire et conseiller général, M. Burel-Tranchard, réitère auprès du préfet son souhait de construire un réservoir communal. Ce souhait est corrélé à un legs conséquent de Mademoiselle Joséphine Garnier, sœur du médecin du village. À son décès, en 1888, la somme de 8000 Francs revient à la commune pour, entre autres choses, « faire établir une grande citerne ou fontaine ou puits avec le nom de Garnier ». Legs de Joséphine Garnier, octobre 1888, extrait du registre des délibérations municipales, Archives communales Suite à l’arrêté préfectoral autorisant la commune a accepté le legs et ses conditions, le conseil municipal délibère et vote le 13 septembre 1889 une somme de 9000 Francs pour les travaux d’établissement d’une citerne ainsi que la demande d’une subvention au Département de 1759 Francs. Courrier du maire au préfet demandant une subvention pour la construction d’une citerne, 22 septembre 1889, ADSM 2 O 1092 C’est l’architecte dieppois Albert Dupont qui est choisi pour concevoir la citerne et son système d’écoulement des eaux, ainsi que pour diriger les travaux. La citerne se compose d’un grand bassin creusé sous la place, maçonné et étanche, de 12,5 mètres de long sur 5 mètres de large. Le bassin est coiffé d’une voute de 3 mètres de haut. Ce réservoir de près de 180m3 est alimenté par un système de récupération des eaux de pluie provenant des gouttières de la mairie et des bâtiments situés autour de la place : ces dernières rejoignent un réseau souterrain composé d’un système de canalisations agrémenté d’un citerneau, en amont du réservoir, prévu pour le filtrage de l’eau. Un projet avant-gardiste digne des préoccupations éco-responsables de notre époque ! Plan de l’architecte Dupont (en élévation, au sol pour la partie extérieure et la cuve souterraine), 2 octobre 1889, ADSM 2 O 1092 Le projet est affiné en 1890 et le conseil municipal vote l’élévation d’un monument sur la citerne, qui portera à la fois une pompe permettant le tirage de l’eau et un réverbère. Après publication d’un avis de travaux, quatre entrepreneurs ont postulé par acte de « soumission ». Après examen de chaque dossier, c’est l’offre la moins-disante qui est retenue par le bureau d’adjudication, en séance publique du 25 janvier 1890. Le choix se porte sur l’entrepreneur en maçonnerie Anatole de Saint-Martin, à Dieppe. En 1922, bien qu’aucune fissure ne soit à déplorer, le réservoir ne conserve pas l’eau qu’il recueille : des défauts de dureté dans l’enduit des murs de la citerne sont observés par l’architecte. Dans le cadre de travaux de réfection des bâtiments communaux, un marché de gré à gré avec l’entrepreneur Delaunay, installé sur la commune, permet de réparer la citerne afin d’en assurer à nouveau l’étanchéité. On en profite pour intervenir également sur les tuyaux de fonte qui descendent de la toiture de la mairie au sous-sol et sur le citerneau-filtre. Citerneau de filtrage avec système de canalisation alimentant la citerne centrale, plan de l’architecte R.Dupont, août 1922, ADSM 2 O 1092 Plans et cartes postales anciennes révèlent le dessin de la citerne : un bras latéral permet de puiser l’eau et un réverbère d’éclairer la place de la mairie. Carte postale : citerne avec bras latéral et réverbère sommital, s.d., Archives communales. Par sa position centrale, la citerne Garnier allie utilité et sociabilité. Utile en cas de sécheresse ou d’incendie, elle permet l’approvisionnement en eau de la population du village. Utile également à la tombée du jour, le lampadaire qui la surmonte permet l’éclairage de l’espace publique. Elle s’inscrit donc pleinement dans un courant de pensée hygiéniste, les pratiques politiques, sociales, architecturales et urbanistiques suivant les règles de préservation de l'hygiène et de la prévention en santé publique. Cet élément est révélateur de la réflexion d’un maire d’une commune rurale de la fin du 19e siècle et de sa modernité. Ce bien a perduré dans le temps. Toujours en usage, le bassin voûté est accessible par un trou d’homme à l’intérieur de la partie en élévation et visité annuellement pour son entretien. Aujourd’hui, le système de puisage a été électrifié et est toujours utilisé par la municipalité notamment dans l’entretien des espaces verts : preuve de sa modernité, la citerne Garnier s’inscrit désormais dans une démarche de « développement durable ». Une autre citerne similaire à Routot, dans l’Eure, accueille les eaux de pluie : le marché aux bestiaux, fort de son succès, nécessita cet aménagement afin d’abreuver les centaines d’animaux et nettoyer les boues qui encombraient le village et polluaient mares et citernes. Le projet, après moults litiges et 35 ans d’efforts, voit le jour en 1929. Version en anglais http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Grandes%20Ventes.docx |
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Les Trois-Pierres (2021)
Enclos protestant
30 rue des charmilles 76430 Les Trois Pierres Vue générale, © Département de la Seine-Maritime Le pays de Caux est un lieu d’ancrage pour la Foi protestante. Les Temples de Dieppe, Bolbec, Saint-Antoine-la-Forêt ou encore Luneray en témoignent encore aujourd’hui. Dès que la Réforme a été considérée comme une hérésie par l’Église catholique, la question de l’inhumation des protestants a été soulevée : le statut canonique des cimetières paroissiaux, qui ont reçu une bénédiction, y rend impossible l’inhumation d’un protestant, quel que soit son rang social. Les protestants s’organisent autrement et créent des cimetières spécifiques, souvent situés sans lien avec un lieu de culte. Suite à la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, qui interdit le culte protestant, l’interdiction d’enterrer les morts dans un cimetière est réitérée. Les instructions du conseil du Roi sont claires : « Sa Majesté ne veut pas qu’il y ait d’endroit marqué pour les enterrements de ceux de ladite religion ». Ceux qui refusent de se convertir ensevelissent leurs morts clandestinement, souvent dans un champ appartenant à la famille du décédé. Ainsi naît la tradition des cimetières de famille, quelques tombes dans un jardin, un pré, un espace non cultivé, enclos ou non par des murs. Il faut attendre l’Édit de tolérance de 1787 pour que l’existence civile des protestants soit reconnue. Il prescrit que les villes et villages devront avoir « un terrain convenable et décent » pour l’inhumation de ceux auxquels la sépulture ecclésiastique est refusée. Le consistoire (organe administratif de l’Église protestante au niveau départemental) s’émeut dans une lettre au préfet de Seine-Inférieure en 1850 que de nombreuses communes du Département ne possède pas de cimetières dédiés ou d’espaces propres à chaque culte et au culte protestant dans les cimetières catholiques. Il se réfère à l’article 15 du décret du 23 prairial an XII (aujourd’hui abrogé au regard du principe de laïcité) : « Dans les communes où l’on professe à plusieurs cultes, chaque culte doit avoir un lieu d’inhumation particulier et dans le cas où il n’y aurait qu’un seul cimetière, on le partagera par des murs, haies ou fossés, en autant de parties qu’il y a de cultes différents avec une entrée particulière pour chacune et en proportionnant cet espace au nombre d’habitants de chaque culte. » Dès 1851, le préfet interroge ses sous-préfets pour un recensement des cimetières protestants sur son territoire. Dans la sous-préfecture du Havre, Les Trois-Pierres comptent un seul cimetière, jugé trop étroit pour les inhumations catholiques et protestantes. On projette d’établir un nouveau lieu de sépulture dédié au culte protestant. Plusieurs terrains sont étudiés. Celui d’un certain Hardivilliers, qui en ferait don à la commune, ne fait pas l’unanimité, car situé « sur le versant d’une cote abrupte d’environ 19° d’inclinaison plein d’excavation, hors d’état de servir de lieu de sépultures ». Plan de situation du terrain de M. Hardivilliers (portant le n°1), © ADSM 8 V 12 Un autre terrain, appartenant à M. Bertois, attire l’attention. Un arpenteur est dépêché pour produire une estimation du bien à acquérir. Le propriétaire ne souhaitant pas vendre, le conseil municipal délibère, le 28 mai 1852, son expropriation pour cause d’utilité publique. S’en suit une enquête auprès des habitants de la commune : les opposants au projet, « alliés » de la famille Bertois, proposent un autre terrain dans un quartier considéré plus central, la Mare au Leu. Or, le président du consistoire protestant et le conseil municipal s’accordent sur le terrain des Bertois, idéalement proche de la majorité des propriétés protestantes de la commune. La procédure d’expropriation est lancée auprès du ministère de l’intérieur : le 6 septembre 1853 une déclaration de cessibilité est soumise au conseil de préfecture pour qu’il soit statué conformément à l’article 11 de la loi et approuvé par le conseiller d’état chargé de la direction générale de l’administration intérieure en octobre. Une imposition extraordinaire est lancée auprès des habitants les plus imposés de la commune, pour payer l’indemnité due au couple Bertois et réaliser les travaux de clôture prévus. Devis estimatif des travaux de clôture du terrain choisi comme lieu de sépulture, © ADSM 8 V 12 Plan de situation du terrain Bertois, © ADSM 8V12 Extrait du cadastre napoléonien, section C parcelle 184, © 3 P 3 – 3434 Cet enclos protestant accueille de nouvelles sépultures jusque dans la première moitié du 20e siècle. Seules quelques plaques tombales sont encore visibles, aux noms effacés en grande partie. L’une d’entre elles appartient à Louis Jean LEGER, cultivateur, né à Norville en 1854 et décédé aux Trois-Pierres en 1925. Exemples de sépultures encore lisibles, © Département de la Seine-Maritime D’autres enclos protestants sont encore actifs, à Mélamare ou à Saint-Antoine-la-Forêt, où des tombes portent un verset biblique et la croix huguenote, comme le souhaite la tradition. Légèrement surélevé de la chaussée, ce terrain est accessible par quelques marches encadrées de piliers en briques. Situé en bord de route, les aménagements récents de la chaussée et les aménagements paysagers alentours réalisés par la commune ont permis de valoriser le site aujourd’hui situé dans un quartier résidentiel. Cela participe à un indispensable travail de mémoire sur la présence protestante dans la pointe de Caux. Version en anglais http://https://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Les%20Trois%20Pierres.docx |
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Mont-Cauvaire (2021)
Ferme Raimbourg
route de Clères 76690 Montcauvaire Vue aérienne © collection privée, Didier Legrand Situé sur un éperon boisé, entre les vallées du Cailly et de la Clérette, Mont-Cauvaire est installé sur un plateau de terres arables, favorables à la culture. Au centre bourg, la ferme Raimbourg, du nom de son dernier locataire, présente les caractéristiques d’un clos-masure, structure paysagère propre au département de la Seine-Maritime. Ancrée sur le territoire calvimontais, cet ensemble agricole date vraisemblablement du 18e siècle. Il apparaît, pour la première fois, sur le cadastre napoléonien de 1826. Au fil du 19e siècle, la ferme passe de mains en mains : d’abord propriété d’un certain M. Bailleul, elle est rachetée par M. de Cairon, originaire d’Amblie dans le Calvados, puis par M. Pariset, manufacturier à Fontaine-le-Bourg, puis M. Lemarchand, filateur au Houlme. Les propriétaires, souvent issus de la bourgeoisie urbaine, demeurent en ville ou dans les gros bourgs, parfois proches des fermes qu’ils ont acquises. Extrait du plan cadastral napoléonien, section C, © ADSM 3 P 3 – 2140 Un relevé hypothécaire du 27 septembre 1902 acte la vente de cette ferme entre M. Lemarchand et M. Lerebours, industriel. Aux terres labourables et aux bois taillés représentant 49 hectares, s’ajoute une « ferme consistant en cour-masure édifiée d’une maison d’usage de fermier, jardin clos de murs garni d’espaliers, granges, écuries, étables, bergeries, charreteries et autres bâtiments nécessaires à l’exploitation de la ferme close de fossés plantés d’arbres de haute futaie et planté à l’intérieur d’arbres fruitiers ». La définition fidèle d’un clos-masure ! L’ensemble est acheté pour 60 000 francs, « payés en espèces de monnaie ayant cours et billets de la banque de France comptés et délivrés à la vue des notaires soussignés à Mme Lemarchand qui le reconnait et lui en donne quittance ». Extrait du relevé hypothécaire du 27 septembre 1902, © ADSM 4 Q 4 / 4 / 6973 Les différents propriétaires qui se sont succédés ont loué la ferme et ses terres moyennant un fermage annuel, payable en deux termes égaux à Pâques et à la Saint-Michel de chaque année. La famille Raimbourg est locataire du site en tant qu’exploitant agricole dès 1929. Au décès de Monsieur René Raimbourg en 1990, le propriétaire, M. Gorge, met en vente ses terres, provoquant une vive émulation dans le village et une prise de conscience du caractère particulier de ce bien en tant que témoignage d’un patrimoine rural. La commune se porte acquéreur, alors que les bâtiments agricoles sont dans un état de détérioration avancée. Un effort considérable, municipal et bénévole, a permis de réhabiliter le lieu et ses bâtiments. Ce clos-masure s’étend aujourd’hui sur près de 3,5 hectares. Sa cour est plantée d’arbres fruitiers et porte une mare. Il est entouré au nord et à l’ouest d’une haie d’arbres de haut-jet, et au sud d’un mur de briques et silex dont le portail est flanqué de larges piliers témoignant de l’importance que pouvait avoir cette ferme. Au gré des besoins de ses exploitants, la ferme a évolué : si les bâtiments anciens en bon état, comme le logis, sont conservés, de nouveaux bâtiments en briques ont été édifiés à la fin du 19e siècle. L’un d’eux accueillait les anciennes écuries-étables et le poulailler. En effet, plusieurs bâtiments agricoles sont dispersés autour de la maison d’habitation, située au centre, face au portail. Sur trois niveaux et couverte d’ardoises, sa façade principale est en briques, probablement plaquée au début du 20e siècle sur les colombages. Les côtés présentent un appareillage en bandes alternant brique et silex, alors que l’arrière du bâtiment est en colombages. Vue sur le portail d’entrée, la maison en arrière-plan, © Département de la Seine-Maritime À proximité immédiate de la maison, un bâtiment circulaire, petit pigeonnier utilisé comme buanderie, porte une charpente sur une croix de Saint-André. En effet, le propriétaire cherche un fermier compétent et à le conserver : outre les conditions du bail lui-même, un logement confortable forme un argument important pour le fidéliser. Pressoir, cellier et grange sont construits en pisé et silex, couverts de toits à deux pans, fortement pentus, en chaume pour deux d’entre eux. Le pressoir couvert porte à l’intérieur les vestiges d’une meule à grains. Le cellier présente des murs de 80 centimètres d’épaisseur et peu d’ouvertures, caractéristiques liées aux besoins de conservation propres de ce bâtiment. Image manquante Four à pain en 1990, © collection privée Four à pain, trente ans plus tard © Département de la Seine-Maritime L’intérieur du four à pain, © Département de la Seine-Maritime Le double-four à pain, isolé des autres bâtiments pour éviter tous risques de propagation du feu par les toitures en chaume, se compose de deux parties solidaires : le fournil, pièce de travail avec une cheminée incorporée et les deux « mottes » du four, chambres de cuisson. Le plus grand permet de cuire une grande quantité de miches, et l’autre, plus petit, des pâtisseries. Au fond de chaque four, on aperçoit à mi-hauteur une pierre à feu, qui a la propriété de changer de couleur à une température avoisinant les 250 degrés, permettant au boulanger de savoir à quel moment il lui fallait enfourner son pain à cuire. Toujours en activité, il est devenu le lieu privilégié des fêtes de la commune, où des démonstrations sont proposées, comme à la saint Fiacre à la fin de l’été. Image manquante Démonstration de pain, © collection privée Cet ensemble est à l’image des nombreux clos-masures cauchois, une entité agricole capable d’autonomie, dissociant les espaces par rapport à leur caractère fonctionnel : jardin fruitier et potager, gestion de l’eau, élevage… Aujourd’hui propriété de la commune, la ferme Raimbourg est pensée comme un espace ouvert au public, lieu de passage et de rencontre, entre nouveaux quartiers et centre historique. Version en anglais http://https://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Montcauvaire(1).docx |
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Pissy-Pôville (2020)
Eglise Saint-Martin
76360 Pissy-Pôville L’église Saint-Martin, façade sud. © Département de la Seine-Maritime Sur le plateau entre les vallées du Cailly et de l’Austreberthe, s’étend la commune de Pissy-Pôville née de la fusion de deux hameaux, par ordonnance du 22 mai 1822. Pissy et Pôville sont donnés à l’abbaye de Fécamp par le duc Richard II en 1006 pour être incorporés à la baronnie de Saint-Gervais : chaque paroisse possède son église, mentionnées dans les sources. L’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Pôville est détruite durant l’ouragan de 1818. L’église Saint-Martin, de Pissy, fortement remaniée aux 16e et 17e siècles, porte des traces plus anciennes. D’un plan au sol allongé, l’église présente un chevet plat adossé de contreforts. Le clocher octogonal surmonte la façade, cette dernière est ouverte par une porte cintrée. Les baies présentent des arcs en anse de panier mouluré. L’appareillage se compose de silex et de pierre, les briques sont utilisées en façade comme motif décoratif. La sacristie de 1947 est adossée au mur sud de l’édifice. L’intérieur de celui-ci a été remanié probablement lors de l’aménagement du chœur suite à la réforme liturgique de Vatican II : les stalles ont été repoussées dans le chœur et tournées vers la nef, les autels latéraux ont été supprimés. Intérieur de l’édifice depuis l’entrée vers l’est, cliché sur verre de Robert Eude, s.d., ADSM 11 Fi 1611. © Département de la Seine-Maritime Le mobilier présente une homogénéité, les pièces majeures, dont la chaire et le maître-autel de belle facture sont datés du 18e siècle. L’ensemble est complété par des fonts baptismaux, bancs, confessionnal et poutre de gloire en fer forgé du début du 19e siècle. Vue d’ensemble du maitre-autel. © Département de la Seine-Maritime Le maître-autel, adossé au chevet, se compose d’un autel tombeau, entouré de lambris moulurés rehaussés d’or. Le retable est ouvert par une baie vitrée, accueillant aujourd’hui une verrière de Devisme, installée vers 1964-65 (la plupart des vitraux de l’édifice ont été soufflés par un bombardement de V1 pendant la Seconde Guerre mondiale). L’ensemble est surmonté d’une gloire et de deux médaillons abritant une toile peinte, représentant une Vierge d’un côté et un Christ aux liens de l’autre. Les registres de la paroisse (ADSM G 8457) attestent que Noël Jouvenet, peintre sculpteur de son état, est intervenu dans l’église pour 39 livres en 1618, sans précision sur les travaux réalisés. Un sieur Jouvenet, en famille avec le précédent (un fils ? un frère ?), réalise une marche au maître-autel 30 ans plus tard. Les Jouvenet forment une dynastie d’artistes réputés sur Rouen, tant en sculpture qu’en peinture, travaillant à des projets d’envergure sur les églises rouennaises : gloire et médaillons peints sont d’ailleurs représentatifs d’objets d’art ornant des édifices majeurs.
Détail de la gloire et des médaillons peints. © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon Un large chantier de restauration a été mené par la commune, entre 2015 et 2019, offrant à l’édifice une mise en beauté extérieure et intérieure. Dans le cimetière, deux monuments commémoratifs interpellent. Le monument aux morts des deux guerres mondiales, se compose d’une large colonne, surmontée d’un coq, symbole patriotique fréquent. Les archives sont peu bavardes quant à la commande de ce monument, mais le coq est une œuvre de série proposée sur catalogue par une société de fonderie, qui pourrait être celle de Chapsal frères.
Monument aux morts. © Département de la Seine-Maritime, Véronique Hénon Plus loin, une tombe est également érigée en mémoire des ouvriers britanniques, tués en 1845 lors d’un éboulement pendant la construction du tunnel SNCF sur la ligne Rouen – Le Havre. La tradition veut que les ouvriers morts doivent être enterrés sur place et non rapatriés, le maire a donc vendu une concession à perpétuité aux autorités britanniques. Cet évènement rappelle qu’un tunnel ferroviaire construit au 19e siècle traverse la commune, reliant la vallée du Cailly à celle de l'Austreberthe entre les hameaux de Frévaux et des Marivaux. Notons que ce tunnel sert de toile de fond au roman d'Emile ZOLA "La bête humaine".
Monument commémoratif, avec son inscription en français et en anglais. © Département de Seine-Maritime, Véronique Hénon
Version anglaise https://www.seinemaritime.fr/docs/Ver%20ENG%20NOTICE%20Pissy-P%C3%B4ville.pdf |
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Rives-en-Seine - Villequier (2021)
Eglise Saint-Pierre de Bébec
hameau de Bébec 76490 Rives-en-Seine Vue générale de l’église, vers 1950, d'après un cliché sur verre au gélatinobromure d'argent, © ADSM, Fonds Bailly 87 Fi 85 Dès le 13e siècle, le nom de Bébec apparaît sous différentes variantes, Buibec ou encore Buebec dans les textes, et plus précisément dans des chartes délivrées à la commanderie de Sainte-Vaubourg. Le nom, d’origine scandinave qui signifie « ruisseau », fait probablement référence à la résurgence d’un petit cour d’eau situé en fond de vallée. L’édifice est mentionné dans les sources dès le 13e siècle lorsque le chevalier Richard de Villequier partage son domaine entre ses trois fils, créant Bébec, Touffreville et Villequier. D’après Cochet, en 1225, les archives de Saint-Wandrille parlent de Guillaume de Buibec, fils de Richard de Villequier, et en 1239 d’un Robert de Buiebec, fils de Guillaume et d’autres encore. Deux confréries ont été créées dans l’église, l’une en 1502 dédiée aux saints Pierre et Etienne et l’autre en 1517 au très Saint-Sacrement du Corps du Christ. Réédifiée au 16e siècle en pierres de la Vallée de la Seine, l’église Saint-Pierre de Bébec est rattachée à Villequier après la Révolution en 1823. Elle est aujourd’hui une église appartenant à la commune nouvelle de Rives-en-Seine, à laquelle a adhéré, le 1ER janvier 2016, la commune de Villequier. Vue du clocher-porche et du calvaire, © Département de la Seine-Maritime Isolée dans un espace boisé, à proximité des champs, l’église bénéficie d’un cadre bucolique. Le clocher-porche, massif, est coiffé d’une flèche octogonale. Épaulé aux angles par de solides contreforts, il est complété d’une tourelle ronde renfermant l’escalier. Le portail est encadré de voussures simples. La nef unique, à deux travées séparées par un contrefort, est éclairée par des baies en arc brisé. Une chapelle au sud sépare la nef du chœur, dont les baies sont ogivales. Le chevet est à pans coupés. « Ces baies sont contemporaines ; elles appartiennent à cette lutte architecturale qui commença sous le règne de Louis XII et qui ne finit guères que sous Henri IV. Ce fut une guerre de cent ans », comme l’évoque l’abbé Cochet dans sa description de l’église de Bébec (volume 1 des Églises de l’arrondissement d’Yvetot, publié en 1852). Sur le mur nord de l’église, des graffitis de bateaux rappellent le lien à la Seine et garde le souvenir de la vie des mariniers et marins : notons que l’église est dédiée à saint Pierre, patron des pêcheurs. Certains bateaux sont représentés de façon symbolique, un croissant figurant la coque et un trait médian, le mât. D’autres, au contraire, montrent une bonne connaissance de la structure d’un navire. Autre particularité, des perles de prières sont alignées sur près de deux mètres, sur le mur nord, au nombre de 150 environ (une perle pour une prière). Graffitis au mur nord de l’édifice : croix, bateaux et perles de prières, © Département de la Seine-Maritime Dans le cimetière, outre le socle de la croix de cimetière, en grès, du 16e siècle, on remarque un petit enclos protestant, dans lequel subsiste deux tombes orientées à l’inverse des autres, c'est-à-dire vers l’ouest : un chemin bordé d’arbres permet d’y accéder sans traverser le cimetière catholique. Cette organisation répond à l’article 15 du décret du 23 prairial an XII: « Dans les communes où l’on professe à plusieurs cultes, chaque culte doit avoir un lieu d’inhumation particulier et dans le cas où il n’y aurait qu’un seul cimetière, on le partagera par des murs, haies ou fossés, en autant de parties qu’il y a de cultes différents avec une entrée particulière pour chacune et en proportionnant cet espace au nombre d’habitants de chaque culte. » Une particularité encore visible aujourd’hui, bien qu’elle se soit perdue dans la pratique. Depuis le chemin arboré qui contourne le cimetière catholique, pour accéder aux deux tombes protestantes encore visibles, © Département de la Seine-Maritime À l’intérieur de l’édifice, un arc surhaussé sépare le porche de la nef. Les voûtes en berceau sont lambrissées. Si les poinçons et entraits ne portent aucun décor, les sablières portent un beau travail de moulures. Un mur ouvert d’une large arcade ogivale sépare la nef du chœur. La chapelle est voutée sur croisée d’ogives. Sur les murs intérieurs, on peut lire des croix de consécration et les vestiges d’une litre seigneuriale dont les écus subsistent bien qu’illisibles. La plupart des vitraux sont losangés. Un vitrail historié au mur sud de la nef représente d’un côté la bénédiction de Jacob par Isaac en présence de Rebecca et de l’autre Joseph descendu dans un puits par ses frères. Le vitrail installé dans la baie axiale est une réalisation contemporaine des ateliers Forfait, représentant saint Pierre. Vue générale de l’intérieur de l’édifice, vers l’est, © Département de la Seine-Maritime Plusieurs statues, conservées dans l’église, ont attiré l’attention des spécialistes, et ont été protégées au titre des monuments historiques. Un groupe sculpté représentant saint Joseph et l’enfant Jésus, en bois polychrome du début du 18e siècle a été classé en 1944. En 1979, plusieurs statues sont inscrites au titre des monuments historiques, parmi lesquelles une Vierge à l’enfant, du 16e siècle, une sainte Catherine, un saint Etienne et un saint Pierre, tous trois du 17e siècle et un Christ en croix du 16e siècle. La chapelle sud porte un autel latéral de belle facture à proximité d’une piscine creusée dans le mur dès le 16e siècle. Vue de l’autel secondaire situé dans la chapelle sud et de la statue de la vierge à l’enfant, classée au titre des monuments historiques, déposée pour restauration, vers 1950, d'après un cliché sur verre au gélatinobromure d'argent, © ADSM, Fonds Bailly 87 Fi 88 et 89 L’autel secondaire aujourd’hui, à proximité de la piscine architecturée du 16e siècle, © Département de la Seine-Maritime Considérée comme abandonnée par l’abbé Cochet dès le milieu du 19e siècle, l’église a connu des interventions régulières, jusqu’à une vaste campagne de restauration entre 1986 et 1990 : réfection de la couverture et de la charpente de l’abside, restauration du clocher et sa tourelle, du beffroi (croix et coq), des menuiseries du porche et de la sacristie, des contreforts et des vitraux… Version en anglais http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Villequier%20B%C3%A9bec.docx |
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Rouxmesnil-Bouteilles (2019)
Mairie – ancien prieuré d’Hacquenouville
Mairie 76370 Rouxmesnil-Bouteilles
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Ry (2021)
Porche de l'église Saint-Sulpice
rue de l'église 76116 Ry Vue générale du porche de l’église © Département de la Seine-Maritime L’église de Ry est située à flan de colline surplombant le village. C’est un édifice roman en pierre doté d’une tour lanterne à baies géminées et modillons sculptés, vestige du 12e siècle, restaurée en 1756 par l’architecte Gallot et coiffée d’un clocher au 19e siècle. Remanié à plusieurs reprises, l’édifice connaît de nombreux travaux au 16e siècle, dont la construction du collatéral nord et de la chapelle latérale sud. C’est à cette même époque qu’on abrite la double porte latérale sud d’un porche. L’ensemble de ces travaux sont sans doute à attribuer à la famille de Moy, seigneurs du fief voisin de Saint-Denis-le-Thiboult mais également bienfaiteurs et mécènes de cette église. En effet, leurs armoiries, de gueules fretté d’or de six pièces, sont présentes à trois endroits : sur une poutre médiane à l’intérieur de l’église et sous le porche, gravées dans la pierre entre les deux portes et sculptées dans le bois de la voûte. Les Armes de la famille de Moy, visibles en deux endroits sous le porche, © Département de la Seine-Maritime Le porche au décor Renaissance fait la célébrité de l’église. Viollet-le-Duc en publie une gravure dans le tome 7 de son Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle (1854-1868), pour illustrer un large article consacré aux porches. « … nous ne devons pas omettre ici un monument d'un grand intérêt, quoique d'une date assez récente. Il s'agit du porche de l'église de Ry […]. Latéralement à la nef, est bâti du côté sud un porche en bois, clos, richement sculpté et d'une conservation parfaite. […]. Ce joli porche date de la première moitié du XVIe siècle ; il est entièrement construit en bois de chêne et repose sur un bahut de pierre. […] La sculpture en est très délicate et des meilleures de l’époque de la renaissance normande. […]. En examinant les vignettes des manuscrits du XVe siècle, il est facile de constater qu'il existait beaucoup de ces porches en charpente, principalement dans les villes du Nord. Ces porches en bois étaient toujours peints et rehaussés de dorures… » Une large campagne de restauration, menée par l’architecte Paul Lecoeur, entre 1878 et 1883, réhabilite une structure malmenée par les ans, les colonnettes ayant presque toutes disparu et la charpente étant en mauvais état. La restauration du décor est confiée en 1881 au sculpteur rouennais Numa Puech. Le porche est classé au titre des Monuments Historiques par arrêté du 21 mars 1910. Photographie du porche avant la restauration de Lecoeur, © ADSM 7 V 169 Note de sculpture de Numa Puech, © ADSM 7 V 169 Projet de restauration du porche par Paul Lecoeur, dessin, plume et lavis, 1878, © ADSM 6 Fi 07/45 Ce porche en bois de chêne est assemblé à tenons et mortaises, teinté au brou de noix. De plan rectangulaire, il protège l’accès principal de l’église, au sud, orienté vers le village, et se termine par trois pans. Le pan central forme l’entrée et présente un arc surbaissé en bois ciselé. Viollet-le-Duc affirme, dans sa description que cette « baie d'entrée ne paraît pas avoir jamais été munie de vantaux, ni [de] claires-voies de grilles ». Un soubassement en pierre calcaire soutient huit poteaux verticaux, reposant sur une sablière basse, formant ainsi six travées. Chacune d’entre elles se composent de panneaux sculptés fixés aux poteaux à la base et sous la corniche. Des colonnettes moulurées forment trois arcs en plein cintre. Ils sont agrémentés d’un décor ajouré de volutes et rubans. Première travée du porche, © Service Régional de l’inventaire (Région Normandie) Le porche est recouvert d’une voûte en carène renversée maintenue par les éléments de charpente que sont poinçons et entraits à engoulants. De style Renaissance, il est finement et richement sculpté de figures bibliques, d’éléments végétaux et de représentations animales ou guerrières. Les panneaux horizontaux sont ornés de rinceaux affrontés terminés par une tête grotesque ou fantastique encadrant un motif central. Les poteaux portent un décor d’arabesques végétalisées, surmontées d’une tête d’angelot qui forme un culot sur lequel est posée une statuette, coiffée d’une coquille et d’un dais. Sont représentés des apôtres et des saints avec leurs attributs : saint Pierre et saint Paul, saint Jacques le Majeur et saint Laurent ainsi que d’autres saints bénéficiant d’une dévotion locale comme sainte Véronique ou saint Sulpice, patron de l’église. Ces éléments sont visibles à l’extérieur comme à l’intérieur du porche. Sous la charpente, au-dessus de deux des statuettes, deux blochets représentent saint Mathieu et saint Jean par leurs symboles traditionnels, un jeune homme aux ailes étroites pour le premier et un aigle pour le second. La voûte lambrissée porte des motifs fleuris et un médaillon en clé de voûte représentant Dieu le Père bénissant, coiffé de la tiare papale. La voute lambrissée : entraits, engoulants, blochets et sablières sculptés, © Département de la Seine-Maritime Sous le porche, parmi les personnages représentés, un clerc agenouillé, sous une coquille, vêtu d’un habit plissé tenant un étui à parchemin semble être une représentation du donateur, probablement Jacques de Moy, Chevalier, Baron de Moy, Châtelain de Bellencombre, conseiller & Chambellan du Roi, Maître & Réformateur des Eaux-&-Forêts de Normandie & de Picardie, et d’autres titres encore… En pays de Bray, d’autres églises présentent des porches en bois, plus modestes cette fois. A Bosc-Bordel, l’église Saint-Jean-Baptiste possède un porche latéral orné d’un bas-relief sculpté, représentant le Jugement dernier ainsi que des représentations des apôtres, de saint Nicolas et d’anges. L’église Saint-Martin de La Vieux-Rue est accessible par un porche abritant le portail ouest, avec des sablières sculptées de belle facture… Porche de l’église Saint-Jean-Baptiste de Bosc-Bordel, © Département de la Seine-Maritime Eglise Saint-Martin de La Vieux-Rue, © Département de la Seine-Maritime Version en anglais https://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Ry.docx |
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Saint-Jean-de-Folleville (2019)
Vitrail commémoratif de la Grande Guerre
Eglise Saint-Jean-Baptiste rue de l'église 76170 Saint-Jean-de-Folleville
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Saint-Laurent-de-Brévedent (2020)
Christ Roi, statue monumentale
La Briganderie 76700 Saint-Laurent-de-Brévedent
Statue monumentale du Christ rédempteur en 1948. © collection privée Sur les hauteurs de Saint-Laurent-de-Brévedent, dominant la vallée boisée de la rivière Saint-Laurent, s’élève une statue monumentale représentant le Christ Roi, à la façon du Corcovado brésilien ! Nommé aussi Christ libérateur ou rédempteur, cette statue témoigne de la piété locale. Saint-Laurent-de-Brévedent située à proximité de batteries anti-aériennes et de la voie de chemin de fer reliant Rouen au Havre, devient une cible stratégique pendant la Seconde Guerre mondiale. Et pourtant, la commune est épargnée par les bombardements, notamment ceux de 1944. Au sortir de la guerre, l’abbé Bataille, curé de la commune entre 1943 et 1952, souhaite ériger une statue en signe de reconnaissance et de remerciement. La famille Lesauvage, propriétaire de terres sur la commune, fait alors don d’une partie de son terrain situé en bord de route, au lieu-dit de la Briganderie, pour y élever le monument. L’abbé s’adresse au sculpteur havrais Marcel Adam. Élévation de la statue, en présence du sculpteur, en 1948. © collection privée La statue mesure 2 m 60 de haut. En pierre de Bourgogne, elle est sculptée en taille directe, et posée sur un socle en béton armé enduit de ciment. Des prototypes en plâtre témoignent du travail de l’artiste sur le drapé de la tunique du Christ, en écharpe sur l’une, en cuvette, sur l’autre. C’est cette dernière qui a été réalisée. Deux prototypes de la statue aux drapés différents. © collections privées Cette œuvre s’inscrit dans un mouvement régional propre à l’après-guerre, avec l’ouverture de souscriptions dans plusieurs villages de la pointe de Caux, très éprouvée par la Seconde Guerre mondiale. Ces ex-voto sont érigés en remerciement pour les vies épargnées. Ainsi Marcel Adam est-il également choisi pour réaliser le calvaire de Montivilliers, monument aux morts de 11 mètres de haut, érigé par la paroisse de Sainte-Croix pour rendre hommage aux victimes de la Seconde Guerre mondiale tout en remerciant Dieu d'avoir protégé la ville des bombardements. Sculpté par Adam en 1946, il présente un christ de douleur, dont les mains soulignent la souffrance de la crucifixion. Le calvaire de Montivilliers aujourd’hui. © collection privée Le calvaire de Saint-Romain-de-Colbosc est érigé suite au vœu de l’abbé Durand en 1948, d’après les dessins d’Henri Colboc, prix de Rome. Ce dernier allie modernisme, dans l’utilisation du béton armé, et tradition, dans sa forme, un autel surmonté d’un retable, dont l’accès est facilité par un emmarchement. Le Christ crucifié est modelé sur la croix suivant la technique du travail de sculpture à frais du ciment. Le calvaire de Saint-Romain-de-Colbosc, s.d. © collection privée D’autres monuments dédiés à la Vierge Marie ont également été édifiés, parmi lesquels le monument marial de Tancarville, plus tardif car élevé en 1960. Dans l’intérieur des terres, à Ancretiéville-Saint-Victor, la statue de Notre-Dame de Pitié est exécutée par Carlo Sarrabezolles, suivant la même technique de sculpture du béton à frais. Suite au vœu du père Mathan, la statue est bénie par monseigneur Petit de Julleville en 1947. La statue monumentale de Notre-Dame de Pitié par Sarrabezolles. © Département de la Seine-Maritime Témoignage d’une piété populaire, ces statues monumentales, monuments aux morts ou calvaires sont caractéristiques de l’après-guerre tant par l’esthétique aux lignes épurées que par les matériaux utilisés. À Saint-Laurent-de-Brévedent, le choix du sculpteur s’est porté sur un artiste havrais, Marcel ADAM (1912-1976), fils d’un marbrier, sacré Premier ouvrier de France, et dont l’atelier était installé face au cimetière Sainte-Marie. Élève des Beaux-Arts de Paris, dans l’atelier du maître Bouchais, il rentre en Normandie et travaille sur le Havre et sa région. Peut-être connaissez-vous son œuvre sans le savoir ? En effet, il façonne plusieurs bas-reliefs ornant des immeubles Perret de la Reconstruction situés avenue Foch et boulevard François-Ier (les Combattants, le Corsaire, l’Hydre de Lerne, le Commerce et l’industrie, les Joueurs de football). Il réalise également un haut-relief en céramique pour le nouveau groupe scolaire de Fontaine-la-Mallet et travaille à la restauration de monuments historiques, comme le château d’Ételan, la cathédrale Notre-Dame du Havre ou l’abbaye de Graville…
Marcel Adam, en tant qu’artiste, n’a pas seulement mis son savoir-faire au service de la Reconstruction, mais a pleinement participé au devoir de mémoire. Il a ainsi souhaité souligner les sacrifices des populations locales en choisissant d’orner la Maison des Combattants (îlot V6, emplacement du siège de la Gestapo), en édifiant le calvaire In memoriam de Montivilliers et en élevant le Christ Libérateur de Saint-Laurent-de-Brévedent.
Version anglaise https://www.seinemaritime.fr/docs/Ver%20ENG%20NOTICE%20Saint-Laurent-de-Br%C3%A9vedent.pdf |
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Saint-Léger-aux-Bois (2019)
Tour Mailly
rue du bourg 76340 Saint-Léger-aux-Bois
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Saint-Léonard (2019)
Chapelle de Grainval
Route de Grainval 76400 Saint-Léonard
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Sainte-Hélène-Bondeville (2021)
Centre culturel - Ancienne église Saint-Pierre-et-Saint-Clair
rue Poret de Blosseville 76400 Sainte-Hélène-Bondeville Vue depuis le sud, © Département de la Seine-Maritime Sur le plateau surplombant Fécamp s’établissent de grands domaines agricoles dès l’antiquité, à l’origine de la toponymie. En effet, le site de Bondeville tire son appellation du nom d’homme scandinave, Bondi : Bondivilla est donc la villa (nom latin d’une exploitation agricole) de Bondi. Sa première mention dans les textes d’archives connus remonte au 12e siècle, attestant également de la présence d’une église. L’église dédiée à saint Pierre ne change probablement pas d’aspect entre les 12e et 16e siècles, date à laquelle on élève dans le cimetière une croix, encore visible, pourvue de trois niches ayant abrité des saints personnages aujourd’hui disparus. Au 17e siècle, l’église est dotée d’un clocher-porte, dont l’appareillage en bandes alterne pierres et silex taillés. À la même époque, le chevet plat est remanié et ouvert par trois baies en plein cintre. L’église se dote alors d’un second patron, saint Clair et en 1646 d’une confrérie. Le 20 juillet 1713, l’église de Bondeville reçoit la visite pastorale de l'archevêque de Rouen, Monseigneur d’Aubigné, dont le procès-verbal (ADSM G 737-738) retranscrit la minutieuse et sévère inspection. Des réparations urgentes, sur les maçonneries, la croisée et les sols, sont menées. Un autel pourvu d’un monumental retable à colonnes est édifié et deux nouvelles statues en terre cuite sont achetées représentant saint Pierre et saint Clair. Ces travaux ne suffisent pas à redonner de l’éclat à l’édifice : en 1756, le registre de la fabrique (ADSM G 8040) nous apprend que de nouveaux travaux doivent être réalisés : réfection des murs, création de nouvelles fenêtres, pavage, nouvelles chapelles et sacristie à l’arrière dont la construction est confiée à Toussaint le Play, maçon. L’édifice actuel porte deux chapelles latérales semi-circulaires, dans un appareillage en silex taillés et briques. Les nouvelles fenêtres ouvertes au 18e siècle sont essentiellement visibles sur la façade sud. Les deux paroisses de Sainte-Hélène et de Bondeville se réunissent suivant l’ordonnance royale de Charles X en 1826 : l’église de Bondeville tombe progressivement en désuétude, bien qu’on continue d’y célébrer la saint Clair et quelques fêtes. Le dernier baptême y a lieu en 1887. Les efforts financiers sont réservés à la rénovation de l’église de Sainte-Hélène : c’est un édifice entier qui est élevé à partir de 1868, sur près de trente ans. Cette attention tournée uniquement vers Sainte-Hélène entraine l’abandon définitif de l’église de Bondeville. On y cesse donc tout entretien. Église de Sainte-Hélène de Bondeville, © Département de la Seine-Maritime En 1923, le Dr Dufour, président de l’association des amis du Vieux Fécamp, s’inquiète du sort des objets restés dans l’église et interpelle le préfet. Une partie d’entre eux est vendue : ainsi la cloche, la chaire et une stalle ancienne sont installés dans la chapelle de Grainval à Saint-Léonard. L’abbé Labruche, curé de la paroisse entre 1921 et 1940, s’émeut également de la situation de ces objets, le bâtiment tombant peu à peu en ruines. Le maître-autel et les deux statues en terre cuite représentant les saints patrons de l’église sont transférés en 1929 dans l’église du bourg, juste avant que la toiture ne s’écroule… Ces éléments sont encore aujourd’hui visibles dans l’église de Sainte-Hélène. Ensemble du maître-autel et de deux statues en terre cuite, provenant de l’église de Bondeville, aujourd’hui visibles dans l’église du bourg, © Département de la Seine-Maritime Le conseil municipal décide par délibération en 1932 de mettre l’église en vente : aucun acquéreur ne se présente et l’édifice poursuit sa lente décomposition. La charpente du clocher, envahie par les lierres, est démolie en 1961 par les pompiers de Fécamp. Plusieurs campagnes de débroussaillage se succèdent avec des chantiers de jeunes. L’église avant débroussaillage, © Archives Municipales de Fécamp Fonds Bergoin L’église débarrassée de la végétation, © Archives Municipales de Fécamp Fonds Pierre Lefebvre Il faut attendre 1972 pour qu’une association de sauvegarde soit créée par Melle Raymonde Tesnière, l’association des amis de l’église Saint-Pierre et Saint-Clair de Bondeville. L’organisation d’évènements permettent de recueillir des fonds, augmentés par les subventions publiques. Des travaux de sauvegarde des maçonneries sont couronnés en 1989 par la pose d’un nouveau toit : l’édifice est hors d’eau. La même année, l’église est désaffectée au culte. Parmi les présents, deux personnalités ont particulièrement œuvré à la sauvegarde de cet édifice : au centre en manteau noir, M. Rousselet, maire ; à l’extrême droite, Melle Raymonde Tesnière, entre 1975-1982, © Archives Municipales de Fécamp Fonds Bergoin Avant l’installation de la nouvelle charpente, on reconnaît M.Revet, député et sénateur de Seine-Maritime (à gauche) et M. Rousselet, maire de la commune (2e, depuis la droite), © collection privée La commune et son maire, M. Michel Rousselet, porte le projet de créer dans cet édifice une salle culturelle : inaugurée en 1990 par Jean Lecanuet, elle est animée par une association Le lien des Temps. Inauguration de l’édifice en présence de Jean Lecanuet, entre 1975-1982, © Archives Municipales de Fécamp Fonds Bergoin Depuis plus de trente ans, elle propose des expositions de peintures, sculptures et photographies, des concerts et autres spectacles vivants. Près de 250 manifestations se sont déjà déroulées dans les lieux lui conférant un nouvel usage. De nouvelles installations, nécessaires pour répondre aux normes d’ouverture au public ont été réfléchies et s’intègrent à l’architecture de l’édifice. Face aux interrogations nouvelles sur le devenir des églises, la réhabilitation de l’église de Bondeville en salle culturelle est un exemple de réussite : le projet porté par la commune et soutenu par une association active témoigne depuis trente ans qu’un tel projet est possible dès lors qu’une réflexion en amont se concrétise dans une action commune. Version en anglais http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Sainte-H%C3%A9l%C3%A8ne-Bondeville.docx |
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Touffreville-sur-Eu (2022)
Viaduc
impasse du viaduc 76910 Touffreville-sur-Eu Tablier du viaduc, vue aérienne, s.d. © Drones Smart Images Afin d’enjamber la vallée de l’Yères, le viaduc a été construit sur la ligne de chemin de fer Rouxmesnil au Tréport, nommée aussi Dieppe-Eu, réalisé dans le cadre du plan Freycinet. Cet ambitieux programme français de travaux publics a été lancé en 1878 par le ministre des travaux publics, Charles de Freycinet, pour la construction de chemins de fer, de canaux et d'installations portuaires. La loi du 17 juillet 1879 classe 181 lignes de chemin de fer dans le réseau des chemins de fer d'intérêt général permettant ainsi de parfaire le maillage ferroviaire français. Le tracé de cette ligne déclarée d’utilité publique par la loi du 21 février 1880 doit permettre une liaison entre les réseaux du nord et de l’ouest de la France, le long des côtes de la Manche. Elle est prévue initialement comme un maillon de la ligne stratégique littorale partant du Havre et aboutissant à Abbeville. Carte des chemins de fer de la Normandie, s.d. © ADSM 12 Fi 614 Elle est concédée à titre définitif par l’État à la compagnie des chemins de fer de l’Ouest par une convention signée entre le ministre des travaux publics et la Compagnie le 17 juillet 1883. Ses 125 mètres en font le plus long ouvrage d’art du parcours, construit en voie unique sur 37 kilomètres : traversant l’Yères, il descend dans la vallée de l’Eaulne et son emprise au sol se fait sur les communes de Touffreville-sur-Eu et Saint-Martin-le-Gaillard. Dessiné par l’ingénieur des Ponts et Chaussées, Albert de Préaudeau, chargé études et travaux, le viaduc est inauguré le 22 août 1885, en présence du Ministre des travaux publics, M. Demôle, et des députés. Coupe du viaduc, juin 1887 © SARDO – Centre National des Archives Historiques (CNAH) du groupe SNCF (1470LM0276/002) Plan général du viaduc, novembre 1885 © SARDO – Centre National des Archives Historiques (CNAH) du groupe SNCF (1470LM0078/001) De 1885 à 1914, cinq omnibus reliaient quotidiennement Dieppe au Tréport en aller-retour, en 1h15 environ. Aux transports des voyageurs s’ajoute le convoi de marchandises destinées notamment aux industries verrières de la vallée de la Bresle. La Compagnie des chemins de fer défaillante est rachetée par l’administration des chemins de fer de l’État dès le 1er janvier 1901. Pendant la 1ère guerre mondiale, le trafic tombe à deux trajets par jour pour les civils, alors que son usage militaire se développe pour relier les ports normands au front de la Somme et ainsi ravitailler les soldats. Viaduc surplombant la rivière, s.d. © collection privée Après le conflit, le trafic reprend : les trois omnibus quotidiens permettent un aller-retour en près d’une heure. Même si le trajet est désormais plus rapide, les voyageurs préfèrent les autocars qui empruntent la route du littoral, plus directe et desservant Criel-sur-Mer. Cette évolution dans les usages entraine l’interruption du service voyageurs le 2 octobre 1938, quelques mois après le remplacement des grandes compagnies ferroviaires par la SNCF, Société Nationale de Chemin de Fer. Seul le trafic de marchandises perdure jusqu’en 1972. La Seconde Guerre mondiale redonne un intérêt stratégique au viaduc : la ligne permet de transporter les matériaux nécessaires à la construction du mur de l’Atlantique sur le littoral cauchois. C’est probablement la raison pour laquelle, le 30 août 1944, trois voûtes du viaduc sont détruites à la dynamite par les Allemands, ouvrant une brèche de trente mètres et stoppant le trafic. Photo aérienne prise en juin 1945 © source? La fin du conflit amène un retour progressif du transport de marchandises, notamment saisonnières comme celui des betteraves sucrières. Le tonnage transporté décroit progressivement ce qui a pour conséquence directe de réduire l’exploitation de la ligne. La construction de la centrale nucléaire de Penly redonne de la vitalité mais sur une section d’environ 15 km, entre Envermeu et Penly, pour l’usage unique d'EDF : la voie, qui a permis de transporter les matériaux utiles aux travaux sur le site de la centrale, permet désormais le transport du combustible nucléaire, à destination du centre de retraitement de La Hague. La ligne est aujourd’hui divisée en deux autres sections. L’une est encore exploitée par la SNCF, entre Rouxmesnil et Envermeu, pour les marchandises, avec un trafic limité. L’autre, entre Saint-Quentin-au-Bosc et Eu, a été déferrée et transformée en sentier de randonnée, le Chemin vert du Petit Caux, sur lequel se trouve le viaduc. Le viaduc et ses voutes sont en maçonnerie de briques. Les garde-corps et les longrines actuels en béton sont des aménagements liés à la Reconstruction. Composé de neuf travées sur 125 mètres de long, il s’élève à près de 15 mètres au-dessus de la route. Son tablier courbe offre une perspective sur la campagne environnante et sur une héronnière, installée dans les bois et bosquets à proximité de la zone humide. Vue aérienne vers 1950 et actuelle © collection particulière (carte postale) © Falaises du Talou Cet élément du territoire allie histoire locale, patrimoine ferroviaire et espace naturel d’intérêt. A ne pas manquer sur la côte d’albâtre ! Version en anglais http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Touffreville_EN.pdf |
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Val-de-la-Haye (2019)
Colonne commémorative dite « colonne Napoléon »
Quai Napoléon 76380 Val-de-la-Haye
Version en anglais |
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Vatierville (2022)
Eglise Saint-Pierre
8 rue de l'église 76270 Vatierville Vue générale, sur la façade sud, 2020© Commune de Vatierville Situé dans la vallée de l’Eaulne, le village de Vatierville est étendu et son église dédiée à saint Pierre se trouve excentrée au sud du centre-bourg. Bien que cette église n’ait pas de protection au titre des Monuments Historiques, elle interpelle le visiteur par son authenticité et son charme. La commune, consciente de cette valeur patrimoniale, a engagé des travaux de restauration, extérieur et intérieur, en 2019-2020, pour la satisfaction des usagers et des visiteurs. L’édification de l’église semble remonter aux 11e-12e siècles : en effet, il est attesté dans les sources que Hugues de Mortemer donne à l’abbaye de Saint-Victor-en-Caux le patronage de cette église vers 1179. Orientée et de plan allongé, l’église se compose d’un chœur et d’un chevet plus étroits et voûtés que la nef oblongue. Le clocher de style roman se situe entre nef et chœur. À son sud, vient s’adosser aux 13e-14e siècles une chapelle dédiée à Saint-Roch, ouverte d’une baie de style gothique rayonnant. La nef a largement été remaniée : seule la trace de l’ancien accès principal sur la façade sud est encore visible. On y distingue les vestiges d’un arc en plein cintre en pierre taillée. À l’intérieur, le plafond plat a probablement remplacé une voûte en bois ou un plafond rehaussé : des traces de décor sous les combles sont encore lisibles. Après la construction de la sacristie, probablement au 19e siècle, l’église trouve sa composition actuelle. Élévation de la façade nord de l’église, plan au sol, 1867 © ADSM 6 Fi 104 et 104 B L’élément emblématique de cet édifice est son clocher aux caractéristiques de l’architecture romane anglo-normand : emploi du tuf, modillons sculptés, arcatures aveugles. Les voutes intérieures portées par d’épais murs peu percés et le décor de façade du clocher sont bien conservés. Les deux niveaux bas sont en maçonnerie de silex appareillé en opus spicatum (ou arêtes de poisson) avec d’épais contreforts en tuf taillé et appareillé dont un a été restauré en pierre calcaire. Une grande baie en pierre de taille avec décor sculpté à colonnettes éclaire le chœur au nord, surmontée d’une plus petite baie. Les deux niveaux supérieurs sont en tuf taillé et appareillé. Le 3e niveau se compose d’une arcature aveugle. Le niveau sommital reçoit sur chaque face une grande baie géminée et une corniche à modillons en pierre sculptée. L’ensemble a été restauré à plusieurs reprises au 19e siècle, notamment suite au foudroiement de la flèche en 1839-1841. Le clocher, façade nord, et ses composantes, 2020© Commune de Vatierville À l’intérieur, sous un badigeon blanc, d’anciens décors peints persistaient, que la restauration a permis de dégager. Un faux-jointoyage a été restitué dans la chapelle avec des éléments fleuris, reportés également sur les nervures de la voûte du clocher. Nervures des voûtes rehaussées de couleur, 2022 © Département de la Seine-Maritime Sur les murs de la nef, et jusque dans la chapelle nord, court une litre funéraire. Un blason d’alliance se laissait deviner sur le mur est de la chapelle, avant d’être restauré. Encadrées par des licornes et couronnées, les armes de la famille Turgot (d’argent semé d’hermines frettées de gueules) sont associées à celles de la famille de la Fontenelle (d'azur, à trois tours d'argent). En effet, au 18e siècle, Michel-Étienne Turgot, prévôt des marchands de la ville de Paris et auteur du plan de Paris portant son nom, acquiert la plupart des terres de la vallée de l’Eaulne : St-Germain-sur-Eaulne, Vatierville, Fesques, Lucy, Sainte-Beuve-en-Rivière, Épinay et Sausseuzemare. À sa mort, sa veuve fait peindre une litre portant leurs armoiries dans toutes les églises dont son mari était patron. Blason d’alliance, litre funéraire et faux-joints, chapelle Saint-Roch, 2022 © Département de la Seine-Maritime Dans les sols de la chapelle, des pavés vernissés anciens ont été retrouvés ainsi que quatre pavés vernissés de Brémontier, au décor caractéristique de cette production, composé d’un personnage de profil dans un médaillon circulaire. Ces éléments ont été intégrés dans le nouveau pavage de la chapelle. L’église conserve un mobilier de qualité, en majorité protégé au titre des monuments historiques, qui lui confère le charme des églises rurales. Trois bas-relief en pierre sculptée avec traces de polychromie représentent les Apôtres par groupe de six, situés dans le chœur, et la déposition de croix dans la nef. Le maître-autel abrite une toile du 17e siècle, représentant la Résurrection. Il est coiffé au fronton d’une statue de saint Jean l’Evangéliste du 17e siècle. Un ensemble mobilier homogène : autels latéraux, poutre de gloire et maître-autel, 2022 © Département de la Seine-Maritime Dans la nef, adossés au clocher, deux autels latéraux, abritant panneaux peints et statues, sont reliés par une poutre de gloire. Elle porte en son centre un crucifix et est accompagnée au nord de la figure de la Vierge et au sud de saint Jean. Le blason de la famille Levaillant, maître-verrier et châtelain de la commune, est apposé sur les deux panneaux peints. L’autel latéral sud évoque également le fait que Vatierville a été cure[1] ou chapelle royale. En effet, si son panneau peint représente la vision de saint Louis, l’ensemble est surmonté d’un dais couronné avec fond fleurdelisé. Ce dernier correspond au « manteau royal accompagné de deux drapeaux et surmonté d’une couronne ; le tout parsemé de fleurs de lys » qui avait été repéré en son temps par l’abbé Cochet. [1] Le curé était donc étranger au diocèse et nommé par le roi. Version en anglais http://www.seinemaritime.fr/docs/NOTICE%20Vatierville_EN.pdf |
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Yquebeuf (2019)
Église Saint-Etienne
rue de l'église 76690 Yquebeuf
Version en anglais |
Tous les ans un nouvel appel à candidature est lancé, ouvert à toutes thématiques patrimoniales. Indépendant de la politique d’aide à la restauration, il prend la forme de totem avec panneau explicatif, sur lesquels un QR-Code permet d’accéder à la cartographie et aux notices ci-dessus.