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Le saviez-vous ? Le bac de Caudebec-en-Caux : premier bac à vapeur de France

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Le bac à vapeur de Caudebec-en-Caux
Le bac à vapeur de Caudebec-en-Caux ©Jean-Pierre Derouard

Alors que le bac 24 vient d’être mis en service il y a quelques jours, permettant ainsi à 145 passagers, 27 voitures et 2 poids-lourds de traverser la Seine entre Quillebeuf-sur-Seine et Port-Jérôme en seulement quelques minutes, en 1868, à Caudebec-en-Caux le premier bac automoteur à vapeur de France était inauguré.

La Seine, fleuve admiré pour ses méandres, peint depuis ses berges, constitue aussi une frontière entre deux rives, qu’il a, depuis la nuit des temps, fallu franchir.

Comment traversait-on la Seine avant l’arrivée des bacs ?

Jusque dans les années 1840, un seul pont permettait de passer d’une rive à l’autre depuis Rouen en direction de la mer. La Seine était alors franchie par bateau. Les passeurs louaient le droit de passage, au Département de la Seine-Maritime de l’époque qui en était le propriétaire et ce, depuis la Révolution Française.

Le prix variait alors selon l’encombrement et la difficulté. En effet, il faut s’imaginer faire traverser une charrette sur un bateau : il s’agit en premier lieu de dételer les chevaux pour les transporter à bord et effectuer un premier voyage, puis revenir sur l’autre rive afin d’embarquer la charrette, son chargement, et… son propriétaire qui devait alors payer le prix fort ! Les bateaux, souvent à rames, parfois à vents étaient donc, pour la plupart piétons. " Jusqu’au XIXe siècle, j'ai pu dénombrer une quarantaine de lieux de passage, qui permettaient de rejoindre la rive opposée de la Seine. Ceux-ci n'ont pas tous existé en même temps et se sont succédés au fur et à mesure des époques", explique Jean-Pierre Derouard, professeur d’histoire-géographie retraité et passionné par la Seine*.

« Le problème, c’est que personne ne savait quand le bateau allait partir, ni à quelle heure il allait arriver. Il partait lorsque les passagers se présentaient. En 1868, on a mis en service le tout premier bac équipé d’un moteur à vapeur. Une véritable révolution ! On embarquait à Caudebec-en Caux pour rejoindre 3 minutes plus tard, Saint-Nicolas-de-Bliquetuit. C’est à cette époque que l’on a pu mettre des horaires aux bacs ». Deuxième révolution : ces bateaux étaient à deux entrées : la charrette pouvait ainsi embarquer d’un côté pour en ressortir de l’autre, sans besoin d’être dételée !

Les embarcations ont progressivement toutes été remplacées par des bacs à vapeur : en 1872 à Duclair, 1892 à La Mailleraye-sur-Seine. Puis, après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des bacs sont passés au moteur diesel. Certains, à l’image du bac de Caudebec-en-Caux ont été remplacés, avec la généralisation des voitures, par des ponts.

Aujourd’hui, huit points de passages sont desservis par des bacs, financés par le Département de la Seine-Maritime. Chaque année, le service des bacs permet à plus de 3 millions de véhicules de traverser la Seine, gratuitement.

 

*Jean-Pierre Derouard est l’auteur de nombreux articles et livres. Son dernier ouvrage, « Caudebec-en-Caux, La Mailleraye-sur-Seine, Villequier et la Seine », paru en septembre 2020 traite des liens de ces passages avec la Seine, la construction navale, le pilotage. Il y raconte aussi l’histoire de Belcinac, île située sur la Seine face à Villequier, disparue en 1740.